Article publié le 2012-07-04 par Propos recueillis par Mouhamadou Moustapha Thiam Economie
Jean-Paul Carteron - Fondateur et Président Exécutif du Crans Montana, «Il faut créer de l’espoir pour la jeunesse africaine » [04/2012]
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La coopération entre les pays du Sud a été un axe central lors du forum Crans Montana qui s’est tenu du 07 au 10 mars dernier à l’hôtel Plaza à Bruxelles avec pour thème : «L’Afrique, carrefour de la coopération Sud-Sud». Au cours de cette importante rencontre, des prix de la fondation ont été décernés au Premier ministre du Kenyan, Raila Amollo Odinga, à Mme Aissata Issoufou Mahamadou, Première Dame du Niger, à titre posthume à feu Malam Bacai Sanhá, ancien Président de la Guinée-Bissau et à M. Kalaa Mpinga, Président de Mwana Africa.

Quelles sont vos impressions au terme de ce 6e Forum ?

Jean-Paul Carteron (JPC) : Ce sont d’excellentes impressions. L’Afrique est venue en force. C’est le 6e Forum entièrement consacré à l’Afrique et à l’intégration de l’Afrique, notamment dans le souci de promouvoir la coopération Sud-Sud. J’ai une grande satisfaction de voir que les pays africains sont là à de très hauts niveaux et ils se sentent véritablement concernés par cet évènement. Un forum sur l’Afrique, il faut le faire, c’est d’ailleurs ce que nous allons faire en Côte d’Ivoire à Abidjan au mois de novembre prochain. Ainsi, il n’en reste pas moins qu’il est très important, si on veut travailler à l’intégration internationale des pays d’Afrique, d’organiser aussi des événements sur l’Afrique en dehors du continent. C’est pourquoi, je suis heureux de ce qui se passe ici. Je vois comment les choses évoluent, comment elles se développent et c’est une forte satisfaction de constater que tous les participants sont heureux et ont tiré un bénéfice de cette rencontre.

Que pensez-vous de la coopération Sud-Sud ?

JPC : La coopération Nord-Sud apparait largement dépassée parce que le Nord-Sud a des connotations de colonialisme, de paternalisme, d’influence politique en tous genres. Alors que le Sud-Sud est dépouillé d’arrière-pensées. En plus, lorsque nous amenons des hommes d’affaires d’Azerbaïdjan ou du Qatar en Afrique, ils viennent faire des affaires, ils peuvent être agressifs puisqu’ils sont dans la logique du monde moderne, mais derrière leur démarche, il n y a rien de politique. Ce qui compte le plus, pour l’Afrique, c’est la restauration rapide et le développement efficace de sa dignité. Il n’est plus acceptable que l’on vienne, comme le disait le directeur de l’Isesco, tirer des coups à l’Afrique, faire des bénéfices, gagner de l’argent et ne pas se préoccuper de l’impact social que toute activité économique doit avoir dans le pays. Et aujourd’hui, je pense qu’il y a une prise de conscience à laquelle nous travaillons afin que véritablement les ressources naturelles de l’Afrique profitent aux Africains.

Quelles sont vos perspectives ?

JPC : Les perspectives sont prometteuses puisque de nouveaux dirigeants viennent au pouvoir. Un vent d’ouverture, de transparence, de démocratie, de respect de l’être humain souffle sur l’Afrique subsaharienne. On a vu tous ces mouvements au Niger avec le Président Issoufou, en Côte d’Ivoire avec le Président Ouattara, au Nigeria avec Jonathan. L’Afrique bouge et ses dirigeants inspirent cette confiance. Cela dit, on crée de l’espoir pour les jeunes et si on a créé de l’espoir pour les jeunes, on a sauvé l’Afrique. Aujourd’hui, le grand problème du continent, au-delà de toutes les préoccupations dont on peut parler, c’est que la jeunesse avait peu d’espoir, donc les jeunes qui portent les capacités intellectuelles, professionnelles, ceux qui sont les outils de la croissance dans tous les pays africains s’en vont ailleurs. Il y a plus de médecins béninois en France qu’au Benin et c’est là le problème. Si on arrive à inverser la tendance et si on arrive à faire en sorte que les élites africaines se sentent bien en Afrique, à ce moment-là, on aura franchi un pas essentiel.

Quels sont les enjeux pour le forum d’Abidjan ?

JPC : Les enjeux sont énormes parce que nous organisons un forum mondial sur l’Afrique et nous allons attirer à Abidjan plusieurs acteurs. Des chefs d’État africains seront invités dont le Président Alassane Ouattara. Nous allons inviter toutes les grandes sociétés mondiales concernées par l’Afrique.