Article publié le 2011-12-07 par Entretien réalisé par Hilaire Hubert Culture
Lux ou Luxe? Pour ou contre : le débat est lancé (1ère partie) [10/2011]
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Le dictionnaire le "Petit Robert" définit le luxe comme une "unité d'éclairement équivalente à l'éclairement d'une surface qui reçoit normalement et d'une manière uniforme un flux lumineux de un lumen par mètre carré. Ou encore "Luxe (lat. luxus), excès, d'où splendeur, faste. Mode de vie caractérisé par de grandes dépenses consacrées à l'acquisition de biens superflus, par goût de l'ostentation et du plus grand bien-être." Le nouvel Afrique a voulu savoir ce qu’en pensent des femmes triées sur le volet. Les dames, Bv Belle, maman au foyer, Carine Hutois, administrateur de « Evasions», une librairie de seconde main, Lisette Verstraeten, esthéticienne et, Silvia Pato Sambou, femme de ménage, donnent leur point de vue sur la question.

Bv Belle, Maman au foyer «Le luxe crée le rêve»

Le nouvel Afrique (LNA) : Madame, pour vous, qu'est-ce que le luxe?
Bv BELLE (BVB) : Pour moi, le luxe est "le temps" que l'on peut consacrer à sa famille, ses ami(e)s… Un ressenti, une prise de conscience de "bien-être", de la gratitude. Et au niveau des "vêtements" : lors du shopping, je recherche avant tout, un produit de qualité, de matières nobles, souvent "un nom" synonyme de "couture" si j'ose dire, par exemple Diane Von Furstenberg, Max Mara, Missoni. Le luxe ne veut pas dire, impayable mais plutôt exclusif et pas de grande masse ...

LNA : Jadis réservés aux "nantis", les produits et services du luxe sont aujourd'hui accessibles aux communs des mortels. Vu la situation économique et sociale dans le monde, pensez-vous que le luxe, qui est dit totalement superflu, inutile, et issu du rêve et du plaisir, soit viable?
BVB : Je ne suis pas naïve et il est vrai que socialement, il y a de l'exploitation à plusieurs niveaux… Néanmoins, tout ce monde du luxe, donne du travail à beaucoup de gens (hommes, femmes… et enfants - qui pour survivre, ou pour soutenir leur famille, sont obligés de travailler). Le luxe crée aussi… du rêve, oui… mais cela aussi, le monde en a besoin ! Tout comme la simplicité, et je dis cela tout-à-fait respectueusement. Tout est lié, tout a une raison d'exister. Autrement, cela n'existerait pas.

LNA : Les initiés disent, entre autres, que le luxe est un savoir-faire avec des produits uniques pour ceux qui ont un savoir-vivre et non le "tout-venant" car il a ses codes. Qu'en pensez-vous?
BVB : Ses codes ?? Je ne pourrais y répondre comme je ne connais pas ce monde de l'intérieur. Je suppose que c'est un produit " marketing " et du business pour des maisons avec un nom et une réputation !

LNA : Coco Chanel dit que "le luxe est le contraire de la vulgarité". Cette phrase confirme la base du luxe qui est élitiste, sélectif et rare. Cela veut aussi sous-entendre que son prix est à la hauteur de son unicité. Madame, accepteriez-vous de payer une robe haute-couture 150.000 euros si vous en aviez les moyens?
BVB : JAMAIS ! JAMAIS ! JAMAIS ! Je me demande, si les femmes ou les hommes qui achètent une telle robe ont la notion du temps et le travail manuel qui a été consacré ?

LNA : Depuis plus de 130 ans la France a fait du luxe son cheval de bataille pour développer son image, que nous pouvons qualifier "de marque", à l'étranger! Exemple d'expression : le luxe "à la française" qui rapporte au PIB français 2,58 billions de dollars. Pour le développement économique et l'image d'un pays, ce luxe est-il nécessaire?
BVB : Nécessaire ou non… je laisse la réponse au milieu… Pour la France, c'est peut-être une question de prestige… Cela rapporte surtout à ceux qui se trouvent aux tops de la pyramide ! C'est de la publicité pour la France…

LNA : Socialement parlant, pour diminuer le chômage, le luxe est-il d'économie durable?
BVB: Possible… Une question à laquelle je n'ai pas encore réfléchi… Je pense qu'économiquement " le monde " a besoin d'un changement ! Il n'y a qu'à regarder tout ce qui se passe en ce moment dans ce monde, économiquement, dans la nature, humainement…

LNA : Que pensez-vous, Madame, de l'adage qui veut que celle ou celui qui aime l'argent et le matériel ne soit pas une personne humble et simple?
BVB : Pour une partie des gens riches, cela s'applique mais ce n'est pas une règle générale… On vit malheureusement dans ce monde " égocentrique et matériel " et pour cela, je répète, tout le monde doit prendre ses responsabilités ; aider à créer, à transformer…

LNA : Un dicton veut que toutes les personnes, hommes ou femmes d'affaires qui travaillent dans le luxe et s'y enrichissent, soient malhonnêtes....Qu'en pensez-vous?
BVB : De nouveau, il y a certainement des hommes et, des femmes qui s'enrichissent, dans les affaires du luxe… Des gens malhonnêtes, il y en a partout !



Carine Hutois, Administrateur de "Evasions" «Le luxe, pour moi, n'est pas nécessairement synonyme de prix exorbitants»

Le nouvel Afrique (LNA) : Madame, pour vous, qu'est-ce que le luxe?
Carine HUTOIS (CH) : Je distingue deux types de luxe : - Le luxe " classique " où la beauté et l'élégance s'allient à la noblesse des matériaux et à la sobriété, quel que soit le domaine pris en compte; - Le luxe " vulgaire " où le " bling-bling " se mélange allègrement au " m'as tu vu ", à l'argent dépensé facilement juste pour " montrer " et non par goût, où le mauvais goût règne en maître.

LNA : Jadis réservés aux "nantis", les produits et services du luxe sont aujourd'hui accessibles aux communs des mortels. Vu la situation économique et sociale dans le monde, pensez-vous que le luxe, qui est dit totalement superflu, inutile, et issu du rêve et du plaisir, soit viable?
CH : Il me semble que c'est justement en situation de crise économique aiguë comme nous la connaissons actuellement que les métiers du luxe peuvent se développer au mieux. Industrie relativement stable en temps normal, le luxe fait d'autant plus rêver en période difficile. Et si certains sont prêts à des sacrifices supplémentaires pour satisfaire leur besoin de s'échapper du quotidien difficile, d'autres qui s'enrichissent considérablement durant ces crises économiques et financières, ont tout à fait les moyens de dépenser énormément en produits de luxe, voire de très grand luxe. Le fossé économique et social qui se creuse n'affaiblit aucunement les grosses fortunes. Au contraire! Et permet également l'émergence de ces nouveaux riches " prêts à tout pour entrer dans le sérail... "

LNA : Les initiés disent, entre autres, que le luxe est un savoir-faire avec des produits uniques pour ceux qui ont un savoir-vivre et non le "tout-venant" car il a ses codes. Qu'en pensez-vous?
CH: Je pense que le luxe est en effet un savoirfaire et un savoir-vivre, avec des qualités et, des codes… Mais, il ne me semble pas réservé aux seuls initiés. N'importe qui peut avoir du goût, du bon goût, et aussi l'envie de s'offrir un article cher et luxueux s'il en a les moyens, sans nécessairement faire partie de la "caste des nantis". Le grand luxe ? Pourquoi pas? Ne peut-on imaginer, en ce qui concerne le luxe, une société sans castes? Pourquoi devrait-on appartenir à une caste précise pour avoir accès à certains magasins, à certains produits…? Les codes sont faits pour être réinventés, repositionnés, sinon ils risquent de tomber complètement en désuétude.

LNA : Coco Chanel a dit que "le luxe est le contraire de la vulgarité". Cette phrase confirme la base du luxe qui est élitiste, sélectif et rare. Cela veut aussi sous-entendre que son prix est à la hauteur de son unicité. Madame, accepteriez-vous de payer une robe haute-couture à 150.000 euros si vous en aviez les moyens?
CH : J'aurais quand même beaucoup de mal, même si j'en avais les moyens, à dépenser une telle somme pour une robe. Il y a un moment où la décence intervient, où la barre limite est atteinte.
Non, je ne pense sincèrement pas que je pourrais un jour être cette personne qui dépense sans compter et sans penser. Mais est-ce que cela voudrait dire que je n'aime pas le luxe, ou que je ne peux pas me permettre de temps à autre une " folie luxueuse "? Non. Tout est question d'équilibre, de décence, et de choix. Moi aussi, il m'arrive de rêver devant des architectures modernes et très luxueuses, devant des intérieurs dépouillés, mais sans doute hors de prix, devant des robes magnifiques et uniques. Mais si j'estime que ce luxe-là est vraiment trop cher, et qu'il ne correspond plus qu'à un code ou à ce qu'il faut faire ou avoir pour être au top, alors je pourrais très facilement y renoncer. Le luxe, pour moi, n'est pas nécessairement synonyme de prix exorbitants. Il peut être simple, sobre et accessible, mais est très certainement, comme le disait si bien Coco Chanel, "le contraire de la vulgarité", qui peut elle aussi parfois coûter si cher!

LNA : Depuis plus de 130 ans, la France a fait du luxe son cheval de bataille pour développer son image, que nous pouvons qualifier "de marque", à l'étranger! Exemple d'expression : le luxe "à la française" qui rapporte au PIB français 2,58 billions de dollars. Pour le développement économique et l'image d'un pays, ce luxe est-il nécessaire?
CH : Ce luxe à la française a évidemment fait énormément connaitre la France à l'étranger. Mais, ne s'agit-il pas avant tout d'un savoirfaire, d'un respect du beau travail à accomplir, d'un respect des traditions et du travail à l'ancienne parfois ? Il y a derrière l'idée du luxe, tout autre chose que le " paraitre " et l'argent : c'est la perpétuation des traditions, la mise en valeur de matériaux naturels, riches, l'amour du beau, de l'élégant… Et cela compte évidemment beaucoup dans la popularité et le succès d'un pays ou d'une marque à l'étranger.

LNA : Socialement parlant, pour diminuer le chômage, le luxe est-il d'économie durable?
CH : Le luxe, s'il peut toucher aujourd'hui des clients n'appartenant pas toujours à la classe la plus riche d'un pays, reste quand même à mon avis, minoritaire par rapport aux entreprises produisant en masse. Je ne pense pas que l'industrie du luxe puisse avoir un impact quelconque sur le taux de chômage, où que ce soit. Je ne pense pas que l'industrie du luxe ait besoin d'énormément de travailleurs. Là aussi, c'est la qualité plutôt que la quantité qui prime. Les "petites mains" hyper spécialisées dans leur domaine (crochet, perles, points de couture oubliés pour ne parler que de la hautecouture) ne doivent pas être légion.
On leur demande apparemment bien plus un travail de passion et de précision, qu'une production à la chaine destinée à des millions de clients.

LNA : Que pensez-vous, Madame, de l'adage qui veut que celle ou celui qui aime l'argent et le matériel ne soit pas une personne humble et simple?
CH : C'est un tout autre débat. Mais, je crois que l'on peut aimer l'argent et le matériel et en faire bon usage. Le tout est de savoir comment en profiter, seul ou pas, égoïstement ou pas, pour des raisons futiles ou pas. Je connais des personnes très simples, honnêtes et humbles qui aiment l'argent et tout le matériel qui va avec, mais sans les excès qui mènent à l'inutile et au gaspillage.

LNA : Un dicton veut que toutes les personnes, hommes ou femmes d'affaires qui travaillent dans le luxe et s'y enrichissent, soient malhonnêtes....Qu'en pensez-vous?
CH : D'une part, je ne connais pas ce dicton! Et d'autre part, je n'aime pas les généralités. Donc, je n'en pense rien!

Adresse
SPRL librairie de seconde-main
Tel : 00 32 (0) 2 502.49.56
www.evasions-livres.eu



Lisette Verstraeten, Esthéticienne «Le luxe fait tourner le monde»

Le nouvel Afrique (LNA) : Madame, pour vous, qu'est-ce que le luxe?
Lisette VERSTRAETEN (LV) : Toucher une matière, par exemple : une peau, un tissu, dont la sensation, la couleur m'est agréable ou un objet, dont la forme est harmonieuse et la matière noble est luxe.

LNA : Jadis réservés aux "nantis", les produits et services du luxe sont aujourd'hui accessibles aux communs des mortels. Vu la situation économique et sociale dans le monde, pensez-vous que le luxe, qui est dit totalement superflu, inutile, et issu du rêve et du plaisir, soit viable?
LV : Un objet ou une matière n'a pas besoin d'être cher pour être beau. Tout dépend du ressenti et l'importance que je donne à cet objet. Le luxe reste viable car fait tourner le monde au niveau du travail.

LNA : Les initiés disent, entre autres, que le luxe est un savoir-faire avec des produits uniques pour ceux qui ont un savoir-vivre et non le "tout-venant" car il a ses codes. Qu'en pensez-vous?
LV: il ne faut pas être initié pour savoir que "les goûts et les couleurs" ne se discutent pas. On peut très bien rencontrer une personne qui a "du savoir-vivre" et qui n'a pas l'harmonie des choses et des couleurs.

LNA : Coco Chanel a dit que "le luxe est le contraire de la vulgarité". Cette phrase confirme la base du luxe qui est élitiste, sélectif et rare. Cela veut aussi sousentendre que son prix est à la hauteur de son unicité. Madame, accepteriez-vous de payer une robe haute-couture à 150.000 euros si vous en aviez les moyens?
LV: Le luxe pour moi n'est pas une drogue dont j'ai absolument besoin à n'importe quel prix. J'aime être élitiste dans mes choix sans pour cela faire dans la dépense excessive.

LNA : Depuis plus de 130 ans la France a fait du luxe son cheval de bataille pour développer son image, que nous pouvons qualifier "de marque" à l'étranger! Exemple d'expression : le luxe "à la française". Ce marché du luxe rapporte au PIB français 2,58 billions de dollars. Pour le développement économique et l'image d'un pays, ce luxe estil nécessaire?
LV : Oui, comme lorsque je constate le développement de la Chine par exemple.

LNA : Socialement parlant, pour diminuer le chômage, le luxe est-il d'économie durable?
LV : De plus en plus, le textile est fabriqué dans les pays de l'Est et en Asie. L'Europe souffre de plus en plus dans cette branche.

LNA : Que pensez-vous, Madame, de l'adage qui veut que celle ou celui qui aime l'argent et le matériel ne soit pas une personne humble et simple?
LV : Non, je ne suis pas d'accord avec l'adage. Il y a des personnes riches qui restent simples et humbles.

LNA : Un dicton veut que toutes les personnes, hommes ou femmes d'affaires qui travaillent dans le luxe et s'y enrichissent, soient malhonnêtes....Qu'en pensez-vous?
LV: Il ne faut pas uniquement travailler dans le luxe pour s'enrichir ou être malhonnête. Il suffit d'écouter la radio, la télé….

Adresse
"Health and Beauty Center Lisette"
Tel: 00 32 (0) 2 705.40.85
www.lisette-center.be



Silvia Pato Sambou, femme de ménage « Le luxe, c’est du superflu »

Le nouvel Afrique (LNA) : Madame, pour vous, qu'est-ce que le luxe?
Silvia PATO SAMBOU (SPS) : Personnellement, je sais qu'on vit dans une époque ou vivre dans l'apparence et la superficialité, c'est super important; moi, ça ne me dit rien du tout.

LNA : Jadis réservés aux "nantis", les produits et services du luxe sont aujourd'hui accessibles aux communs des mortels. Vu la situation économique et sociale dans le monde, pensez-vous que le luxe, qui est dit totalement superflu, inutile, et issu du rêve et du plaisir, soit viable?
SPS: Superflu!

LNA : Les initiés disent, entre autres, que le luxe est un savoir-faire avec des produits uniques pour ceux qui ont un savoir-vivre et non le "tout-venant" car il a ses codes. Qu'en pensez-vous?
SPS: Aujourd'hui, n'importe qui a à son bras, un sac Louis Vuitton véritable ou en contrefaçon, je crois que les codes ont disparu depuis longtemps.

LNA : Coco Chanel a dit que "le luxe est le contraire de la vulgarité". Cette phrase confirme la base du luxe qui est élitiste, sélectif et rare. Cela veut aussi sous-entendre que son prix est à la hauteur de son unicité. Madame, accepteriez-vous de payer une robe haute-couture à 150.000 euros si vous en aviez les moyens?
SPS: C'est de la folie! De nombreuses familles dans le besoin pourraient être aidées. Quel gâchis! Sans compter que la plupart des produits sont faits, comme la maroquinerie, dans des pays où les gens reçoivent un salaire de misère.

LNA : Depuis plus de 130 ans, la France a fait du luxe son cheval de bataille pour développer son image, que nous pouvons qualifier "de marque", à l'étranger! Exemple d'expression : le luxe "à la française" qui rapporte au PIB français 2,58 billions de dollars. Pour le développement économique et l'image d'un pays, ce luxe est-il nécessaire?
SPS: Totalement inutile. Les seuls qui s'enrichissent sont les grandes maisons de couture.

LNA : Socialement parlant, pour diminuer le chômage, le luxe est-il d'économie durable?
SPS: Quand on voit qu'en France, la plupart des Français sont obligés d'avoir deux boulots pour pouvoir subvenir à leurs besoins, et qu'une grande partie d'entre eux vit sous le seuil de la pauvreté, vous connaissez ma réponse : NON (Paris est quand même une des capitales de la mode)

LNA : Que pensez-vous, Madame, de l'adage qui veut que celle ou celui qui aime l'argent et le matériel ne soit pas une personne humble et simple?
SPS : L'argent, on en a besoin pour vivre et le matériel; soyons réalistes aussi mais n'en soyons pas esclaves pour autant. Je pense que l'humilité et la simplicité ont tout à voir avec l'intérieur de la personne.