Article publié le 2011-10-25 par Par Jamil Thiam Société
infanticides - Entre croyances rituelles et enfer de la honte [09/2011]
© Pierre Holtz for UNICEF www.hdptcar.net

Des centaines de nouveau-nés sont tués sur le continent à cause de croyances rituelles néfastes et aussi, pour diverses raisons fallacieuses. C’est le cas au Benin et au Sénégal. Les cas d’infanticide de ces cinq dernières années illustrent à merveille le degré de cruauté de certaines femmes. Donner naissance à un enfant et après le tuer…

Tuer un bébé pour du rituel


Au Bénin, plusieurs cas d’infanticide sont associés à la sorcellerie et à une pratique rituelle dans le nord du Bénin. C’est le drame des enfants "mal nés". Ces bébés qui, à leur naissance, ne sortent pas de leur génitrice par la tête ou par le visage tourné vers le ciel, sont considérés comme des enfants sorciers. La tradition exige qu’ils soient sacrifiés. Les nouveau-nés malchanceux sont alors confiés à des « réparateurs », qui peuvent décider de leur fracasser le crâne contre un tronc d’arbre. Chez les Baatonous, les Bokos et les Peuls, les nourrissons dont la naissance ou le développement n’obéit pas à certaines « normes » de la tribu sont maudits et doivent, par conséquent, être sacrifiés sous l’influence de parents compatissants. De même, l’enfant sera condamné à mort si sa mère meurt en couche, s’il ne fait pas ses dents avant l’âge de huit mois, ou si sa première dent apparaît sur la mâchoire supérieure. C’est pourquoi, l’abbé Patrick Sabi Sika, que nous avons rencontré en 2008, qui appartient également à l’ethnie baatonou, très impliqué, méne une croisade contre les infanticides. Il a fondé une Ong dénommée Espoir Lutte contre l’infanticide au Bénin (ELIB) qui oeuvre pour l’abolition des sacrifices de bébés « sorciers ». L’ong fait des plaidoyers en exhortant le gouvernement béninois à mettre en place des lois afin de protéger les enfants menacés d’infanticide et de punir les personnes coupables de ces pratiques.

Tuer pour une raison insipide

Au Sénégal, pour une troisième grossesse involontaire, la dame Fatou Sarr a tué son bébé pour, dit-elle échapper à la risée populaire. Elle a été condamnée à cinq ans de travaux forcés car n’ayant pas réussi à convaincre la Cour d’assises de Dakar. Agée seulement de 38 ans, on lui donnerait un âge beaucoup plus avancé, lessivée par une rude vie d’éboueuse au misérable salaire de 35.000 francs qu’elle partageait avec sa mère. A Ziguinchor, dans le sud du pays, la dame Salimata Baldé, a été inculpée d’assassinat et jugée par la Cour d’assises. Elle est condamnée à 10 ans de travaux forcés pour avoir tué froidement son bébé de trois mois après l’avoir pendu. Un acte de cruauté sans précédent. Cinq (5) ans de travaux forcés, c’est la peine que la Cour d’assises de Saint-Louis, dans le nord du pays, a infligée à Fatimata Ndiouck qui a tué son enfant par honte à la société. Inculpée d’infanticide et de violation des règlements sur l’inhumation et placée sous mandat de dépôt, elle a été déclarée coupable des faits qui lui sont reprochés. Cette dernière a été infidèle à son mari émigré au Cameroun depuis 7 ans. Malgré les 3 enfants qu’elle a eus avec son époux, elle a cédé à la tentation en fricotant avec un autre homme rencontré fortuitement. Poursuivie pour infanticide, la dame Ndiouck Faye, quant à elle, âgée de 42 ans, mère de six enfants avec son ancien mari, cette dame, divorcée, ne pouvait accepter que ses enfants, devenus grands, sachent qu'elle venait de contracter deux grossesses, de pères différents. L'un des enfants, né hors mariage, a pour père, un gendarme qui a soutenu qu’elle a tué pour échapper à la honte et au déshonneur. Car, elle ne voulait pas que ses grands enfants sachent que ce dernier était un enfant naturel. L'avocat général qui avait requis 5 ans de travaux forcés a été suivi par la Cour.