Article publié le 2011-07-24 par Par Cyrille Momote Kabange Chronique
LA MARCHE CAHOTEUSE DU MONDE [07/2011]
Hilary Clinton © Marc Nozell

Les événements qui jalonnent les six derniers mois de 2011 ont ceci de particulier : ils ressortent d’une histoire qui pagaie. Nous vivons une époque où rien ne semble tenir en place. Comme la nuit chasse le jour ou vice-versa, la chronique se déploie sur un matelas d’incertitudes. A peine une éclaircie apparaît dans quelques affaires du monde au sujet desquelles se débattent, comme des diables dans des bénitiers, les Etats puissants que leurs cris de joie sont aussitôt couverts par les tumultes d’une série d’actes destructifs.

Des exemples sont légion. Pour la commodité de l’exposé, nous allons procéder par paliers et catégories. Prenons en priorité le cas du terrorisme international. A peine la mort de l’ennemi public n°1 des Etats-Unis annoncée, voilà que des attentats attribués à une phalange d’auges exterminateurs assombrissent ce résultat célébré sur tous les toits du monde. Ils se produisent non loin du petit bourg des environs de Karachi où Oussama ben Laden, a trouvé une fin indigne de ce Prothée des temps modernes. Or, les émules de l’ancien chef d’Al Qaïda ont opéré avec la même redoutable maestria, à un intervalle près, dans un centre ultra protégé de l’armée pakistanaise – Résultat de la tragédie : une quarantaine de morts et des centaines de blessés. On pourrait parler d’autres attentats de moindre étendue intervenus « pour venger le défenseur de l’Islam ». Cerise sur le gâteau, Al Zhaweri, le médecin égyptien sur le compte duquel circulent de sombres rumeurs de cruauté sans nom, succède à l’ingénieur de formation que fut le Saouda Yéménite. Ainsi va le monde – Cahin-caha ! Tous les déroulements chaotiques d’un processus d’alitement de notre humanité dont la presse mondiale rend compte régulièrement, tiennent dans les actes manqués de quelques grandes puissances étatiques – un exemple – Des titres croustillants annoncent dans la presse de ces derniers jours qu’un changement dans la stratégie américaine en Afghanistan est envisagé. L’envoyé spécial du journal « Le Monde » écrit : « Alors que la guerre bat toujours son plein en Afghanistan, les Américains ont donc bel et bien entamé les discussions secrètes avec des représentants des talibans. Ce qui était de l’ordre de l’information informelle depuis avril a pris une dimension officielle dimanche 19 juin 2011 avec une déclaration de Robert Gates, secrétaire américain à la défense, admettant la réalité de ces contacts » Auparavant, le président afghan Hamid Karzaï avait tenu des propos similaires révélant que « les forces étrangères notamment les Etats- Unis mènent eux-mêmes des négociations » L’envoyé spécial poursuit : « Le calendrier n’est pas anodin. Washington va amorcer en juillet le retrait de troupes - dont le total est aujourd’hui d’environ 100.000 hommes – (armée, police) vont se voir transférer la sécurité d’un certain nombre de zones du pays (trois provinces et quatre villes).

Dans le vocabulaire politique afghan, on appelle cela la « transition », c’est-à-dire le désengorgement d’une Communauté internationale rétrocédant progressivement sa souveraineté » au gouvernement de Kaboul. Vu la faiblesse de ce dernier, l’opération ne peut toutefois réussir que si un accord politique est scellé avec des talibans gagnés à la cause de la réconciliation, selon l’analyse faite dans las capitales occidentales ».

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour mettre en mouvement une telle démarche laquelle devait s’imposer après les fiascos des guerres au Vietnam et en Irak ? La réponse peut se trouver, selon certaines sources, dans la désaffection qu’éprouve une grande partie de la gauche américaine, jusqu’à dans les rangs du parti démocrate à l’égard de Barak Obama.
Celui-ci risque gros aux élections de 2012 dans la mesure où un ensemble de promesses de campagne n’ont pas été tenues en politique étrangère notamment le dossier du conflit israélo-palestinien. Quant à l’Afghanistan il s’agirait plutôt d’une erreur de jugement. Un membre important de la direction de Netroots (une formation de la gauche progressiste en Amérique) n’a-t-il pas déclaré : « Sur tous les sujets, le président intelligent s’est comporté comme un idiot » (le Monde du 21 juin 2011 en page 8).

Sur le plan économique, les choses montrent également ici la même évolution en dents de scie. Alors qu’aux Etats-Unis la croissance pointe son nez après un dérapage macroéconomique consécutif à une vraie récession, en Europe, les Etats comme les catégories socio- professionnelles défavorisées trinquent.

En effet, certains pays de ce continent sont mis au régime de l’eau et pain sec à l’exemple de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal. Ce sont les agences de notation, véritables gardiens du temple capitaliste qui aiguillonnent les grandes institutions financières internationales dans le choix des options à appliquer à des pays en crise.

La Grèce particulièrement en a fait les frais. Des milliards comme s’il en pleuvait mais rien ne remplit le véritable tonneau des Danaïdes qu’est devenue la patrie de Platon et de Socrate. En contrepartie de quoi l’Etat grec est soumis à une cure d’amaigrissement sans précédent : des fleurons de l’économie publique à privatiser y compris le port athénien de Pirée (vite à vos cours d’histoire de l’antiquité) des coupes sombres à opérer dans le budget et restructuration de l’administration fiscale, diminution des salaires dans la fonction publique et des pensions de retraite.

Toute l’Europe en est secouée, les spoliés en premier qui craignent que la Commission européenne portée par la tendance droitière et conservatrice qui s’ancre dans le paysage politique des 27, n’impose partout des politiques d’austérité .

l’Afrique, dont tout le monde parle mais dont on ne se préoccupe pas beaucoup, est décidément le continent des actes d’avenir. Ainsi la progression de l’Afrique sera en 2040 d’une aveuglante évidence, selon les experts internationaux. Seulement, 2040, c’est encore loin.

En attendant, une liste établie par la Secrétaire d’Etat américaine Hilary Clinton, publiée lors du dernier sommet de l’UA, mentionne, les Etats qui sont classés selon leur degré d’implication démocratique et leurs réussites économiques. Pourtant la liste est assez sélective et Madame Hilary cite ce qu’elle appelle les anti-modèles (extrême injure). Trois pays sont répertoriés dans cette catégorie : la Somalie, le Soudan et la République Démocratique du Congo.

Entretemps, l’armada de l’OTAN a pris ses quartiers au-dessus de Tripoli pilonnée tous les jours sans faire fléchir Kadhafi sauf que les dégâts collatéraux (plusieurs civils tués) ont été reconnus pour la première fois par les responsables occidentaux. Allez comprendre. Comment va le monde ?
CAHIN-CAHA !