Article publié le 2011-05-22 par Par Jamal Garando Maghreb
Libye, Le Maroc rapatrie ses resortisants [04/2011]
Benghazi © An Agent

Sur hautes instructions de Sa Majesté (SM) le Roi Mohammed VI, une cellule de crise a été mise en place composée de représwentants du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et de celui chargé de la Communauté marocaine à l’étranger, en coordination avec les missions diplomatique et consulaire marocaines en Libye. Cette cellule a mobilisé d’importants moyens pour faciliter le rapatriement des MRE désirant quitter la Libye pour rentrer au Maroc.

Ainsi, la compagnie nationale de transport aérien, Royal Air Maroc (RAM), a affecté plusieurs avions pour assurer ce rapatriement par voie aérienne. D’autre part, trois bateaux, pour le moment, dont deux de la compagnie maritime Comarit et un de la compagnie IMTC, ayant toutes les deux leur siège à Tanger, affrétés par le ministère de la Communauté marocaine à l'étranger, ont quitté les ports libyens en direction du port de Tanger-Med où des préparatifs sont en cours et un dispositif d’accueil d’envergure est mis en place pour accueillir les marocains résidant à l’extérieur (MRE) en provenance de la Libye. Selon M. Jamal Azouaoui, conseiller en communication auprès du Ministre de la Communauté marocaine à l’étranger, une collation sera offerte aux arrivants à Tanger et une équipe médicale et des psychologues seront présents. En outre, une centaine d’autocars sera mise à disposition pour permettre à ceux qui le souhaitent de rejoindre leur famille vers toute destination au Maroc.

Il faut souligner que l’ensemble de ces opérations de rapatriement pourrait s’avérer très coûteux, sachant que l’affrètement des bateaux et le dispositif d’accueil à Tanger coûteraient quelque 30 millions de dirhams au ministère des MRE, dont 12 millions seraient exigés par la seule compagnie Comarit. On remarque ainsi que, malheureusement, cette compagnie fait fi de toute solidarité nationale à un moment où tout le pays vit dans le souci de se porter au secours de nos ressortissants en détresse dans un pays en guerre où ils risquent leur vie et celle de leurs enfants, à tout moment. N’était-il pas indiqué que les responsables de Comarit se contentent de couvrir leurs frais et d’une marge bénéficiaire raisonnable au lieu de chercher à profiter d’une situation dramatique, pour équilibrer le budget déficitaire de leur compagnie au détriment du malheur de leurs compatriotes et des deniers publics de la nation. La RAM n’est pas en reste : «notre assureur vient de nous saisir d’une demande visant à augmenter sa taxe pour atteindre 1,5 million de dirhams par vol à destination de Tripoli», explique M. Driss Benhima, PDG de Royal Air Maroc. Cela n’empêchera pas la compagnie de poursuivre ses vols réguliers tant que l’aéroport de Tripoli n’est pas déclaré zone d’exclusion, annonce-t-il.

Plus de 2800 marocains Rapatriés

Depuis le début de l’opération de rapatriement, les vols quotidiens de la compagnie aérienne ont rapatrié au total 2800 Marocains depuis Tripoli et 300 depuis Tunis. Il faut noter, cependant, que certains problèmes ralentissent les opérations à l’exemple de l’un des navires affrétés qui a quitté, jeudi, le port de Benghazi avec, à son bord 400 personnes seulement, sur les 1400 réservations et les 1800 places disponibles. Ce navire devait rejoindre un autre bateau au port de Tripoli pour y charger les MRE qui attendent d’embarquer pour le Maroc. D’autre part, un vol de la RAM ramenant, mercredi, des Marocains depuis l’aéroport de Tripoli, comptait plusieurs places vides. Signalons, par ailleurs, que des centaines de Marocains résidant en Libye, ayant regagné l’Egypte, ont commencé à quitter le Caire dans le cadre d’une opération de rapatriement. Ces Marocains sont entrés en Egypte par le poste frontalier d’Assaloum (ouest), sur la côte méditerranéenne, parmi un groupe de ressortissants égyptiens et arabes qui ont fui les villes d’Ajdabia, Benghazi, El Beïda, Tobruk et Marsa El Brega, en proie à des violences sans précédent, depuis plusieurs jours. D’autre part, dès le début de l’opération de rapatriement, les autorités tunisiennes ont donné leur accord pour faciliter le transit des Marocains venant de Libye par voies terrestre et aérienne. Ainsi, un groupe de ressortissants marocains établis en Libye est arrivé à Tunis, en transitant par la frontière terrestre entre la Tunisie et la Libye. Les membres du groupe, dont plusieurs enfants, ont été accueillis par les services consulaires du Maroc en Tunisie qui leur ont fourni hébergement et services indispensables, avant de s’attacher à faciliter les procédures de leur voyage au pays à bord d’un avion de Royal Air Maroc (RAM). Plusieurs membres de ce groupe ont affirmé avoir rencontré des difficultés au moment où ils s’apprêtaient à quitter Tripoli vers le poste frontalier Ras Jdir, à 170 km de la capitale tunisienne, affirmant qu’ils avaient été violentés et fait l’objet de menaces de la part d’hommes armés de gourdins et d’armes blanches. On déplore le décès d’un jeune soudeur marocain, Mohamed Mokadem Ansari, tué lors d’affrontements sanglants dans la ville d'Al Bayda. Agé de 21 ans, originaire de Nador, ce ressortissant marocain a été enterré à Benghazi où réside sa famille. D’un autre côté, la cellule de crise aurait à résoudre d’urgence un autre problème au profit des Marocains rapatriés de Libye : celui de l’échange du dinar rapporté de Libye contre le dirham marocain.

Difficile de faire le change

En effet, des MRE déjà arrivés au Maroc ne parviennent pas à échanger leur argent libyen, cette transaction étant refusée dans les agences bancaires et les bureaux de change autorisés. D’ailleurs, les tableaux des cours de devises dans ces points de vente et d’achat de la monnaie étrangère n’afficheraient plus la valeur du dinar libyen, alors que Banque Al Maghrib continuerait à l’afficher en son site officiel avec une valeur variable de quelque 6.55 DH. Cette intrigante situation aurait contraint certains MRE à s’orienter vers le marché noir du change, mais là encore, la transaction ne se fait pas parce que le dinar libyen est refusé malgré sa dévaluation. Apparemment, avant le déclenchement des événements dans la Jamahiria, la monnaie libyenne était très sollicitée.

Source :

www.lejournaldetanger.com