Article publié le 2011-04-15 par Par Jamil Thiam Education
Lutte contre les mutilations féminines - Le combat de Gams-Belgique pour l’abolition de l’excision [03/2011]
Khadidiatou Diallo, Gams-Belgique. Au millieu avec la Reine Paola de Belgique

La journée internationale contre les mutilations sexuelles féminines a été célébrée le 06 février 2011. C’était l’occasion pour l’organisation Gams-Belgique (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles féminines) et ses partenaires dont l’Asbl-Intact composée de médecins, de sociologues, de religieux et de juristes, de dresser un état des lieux sur cette pratique partout dans le monde et des multiples conséquences qu’elles induisent sur la santé de la femme. Cette rencontre, outre diverses personnalités, a vu la présence de la Reine Paola deBelgique qui, d’ailleurs, a été au coeur de la mise en place en 1996 de cette organisation qui lutte pour l’abolition de toute forme de mutilations sexuelles féminines.

En marge de la célébration de la journée internationale de lutte contre la pratique de l’excision, un colloque international a réuni, le 04 février dernier, les acteurs à Bruxelles afin de réfléchir sur l’état des lieux sur les mutilations faites aux femmes dans le monde. En effet, il ressort que plus de 130 millions de femmes et fillettes sont victimes de mutilations génitales. Chaque année, environ près de 3 millions de fillettes viennent grossir ce nombre, selon les estimations de l’Oms. C’est conscient des proportions, de plus en plus inquiétantes, que le Gams-Belgique, à sa tête la sénégalaise Khadidiatou Diallo, a lancé l’initiative visant à mettre en oeuvre un plaidoyer fort pour inciter à l’abolition de telles pratiques qui causent un dommage sans précédent sur la santé des filles. Ainsi, les panelistes constitués d’experts belges et africains, et de diverses autorités politiques, des leaders d’opinion, ont dressé un triste état des lieux sur la pratique de l’excision et de ses conséquences sur la santé des femmes dans le monde et surtout en Afrique. En effet, les mutilations sexuelles féminines sont considérées par l'Oms de la même façon que les interventions incluant l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou la lésion des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales. En général, les raisons évoquées visant à légitimer de telles pratiques, pour la plupart des cas, sont d’ordre socioculturel. Toutefois, il est évident que les complications restent énormes, à court et long terme.

Des conséquences néfastes sur la santé des filles

En effet, dans le cadre des mutilations féminines, les praticiens traditionnels effectuent souvent la procédure dans de mauvaises conditions sanitaires à l'aide de lames de rasoir, de couteaux ou de morceaux de verre pour couper le tissu délicat. Ce manque d'hygiène entraîne des infections graves et la douleur qui s’en suit, engendre une souffrance terrible et un traumatisme psychologique. D’autres conséquences qui pourraient intervenir chez la femme sont le tétanos, la rétention d'urine, l’ulcération de la zone génitale et la perte de sang pouvant entraîner la mort. S’agissant des complications à long terme, il y a les problèmes menstruels, les rapports sexuels douloureux, l’infection à vih/sida et même l'infertilité. A noter que beaucoup de femmes pourraient ne pas être conscientes des problèmes de santé dont elles sont et seront victimes. En Belgique, une étude commanditée par le SPF Santé publique a recensé plus de 6.260 femmes excisées et 1.975 fillettes à risque sur le territoire belge. En réalité, même réprimées par les conventions internationales, ces sévères mutilations persistent. Et pourtant les raisons avancées pour expliquer la persistance de ces mutilations sont subjectives. Celles-ci, en effet, insistent sur la morale ou les valeurs religieuses, sur la nécessité d'une intégration sociale, le maintien de prix de la mariée, la virginité, l'honneur de la famille etc.

Les asbl GAMS Belgique et Intact, s’inspirant de la loi belge de 2001 qui incrimine la pratique, ont ainsi organisé ce colloque de sensibilisation du 04 février dernier à Bruxelles, avec pour thème : « Excision et Religion » et placé sous le Haut Patronage de la reine Paola de Belgique, très engagée dans la promotion de l'égalité entre les sexes. Abolir les mgf et éliminer les pratiques traditionnelles néfastes, demeure une vision devant contribuer à l'amélioration de l'état de santé, social, économique et politique de la femme.

Initiative du Gams-Belgique, une bonne dynamique Mais aussi devant renforcer les droits et la qualité de vie des femmes et des enfants africains, beaucoup d’organisations comme Gams-Belgique promeuvent les valeurs africaines positives, pour une société dans laquelle les femmes et les enfants du continent profitent pleinement de leurs droits de vivre loin des pratiques sociales néfastes. A ce sujet, différentes campagnes de plaidoyer et de rencontres de proximité sont régulièrement développées sur la base d’instruments juridiques existant en Europe et en Afrique. Un viatique pour l'abolition des mutilations faites aux femmes soutenue en 2008 par la déclaration inter institutions votée par le Hcdh, l'Onusida, le Pnud, la Cea, l'Unesco, le Fnuap, le Hcr, Unicef, Unifem, l'Oms etc. En fait, ces organisations n’ont pas oublié que des milliers de femmes et de fillettes d’Afrique et du monde souffrent et continuent de souffrir des conséquences de telles pesanteurs.