Article publié le 2011-04-15 par Par Daouda Emile Ouedraogo Editorial
L’Afrique et ses richesses minières [03/2011]
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L’Afrique est un continent «vachement riche» en ressources minières. L’or, le diamant, le cobalt, l’uranium, le pétrole, le fer, etc., sont disséminés partout sur le continent. Exploitées de façon industrielle ou artisanale, ces richesses procurent des revenus considérables tant aux populations qu’aux multinationales. Les pays telles la RD Congo, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Guinée-Conakry sont des scandales géologiques. Ces dernières années, l’exploitation des minerais a occupé une place de plus en plus importante sur la carte économique de l’Afrique avec, en particulier, l’accroissement de la production pétrolière, qui a entraîné des taux de croissance élevés dans les pays exportateurs d’or noir. Dans son rapport économique 2008 sur l’Afrique, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), indique que six des économies les plus performantes du continent, à savoir l’Angola, le Soudan, l’Egypte, la Guinée équatoriale, le Mozambique et la Tanzanie, étaient riches en pétrole ou en minerais. La structure des économies les plus performantes qui restent, selon le rapport, est fortement dominée par l’agriculture en Ethiopie et au Malawi ou les services en Gambie. Dans cette logique, affirmer que le continent africain est un «eldorado pauvre» a ses limites. Il est vrai qu’à certains endroits, l’exploitation de ces ressources minières et pétrolières a servi à alimenter des conflits, créés et montés de toute pièce par les multinationales avec la bénédiction de certains dirigeants africains. L’Afrique a été dotée de cette manne pour nourrir ses enfants. C’est pourquoi, autant le dire et le constater, le continent essaie tant bien que mal de prendre des dispositions pour permettre une gestion rationnelle de ces ressources dans les règles de l’art. Beaucoup de pays ont récemment revu les contrats miniers passés autrefois avec les multinationales. C’est le cas de la RD Congo, du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée-Conakry pour ne citer que ces pays. Dans ce contexte, l’Afrique a envisagé l’adoption d’une vision à long terme jusqu’en 2050 sur une meilleure gestion et une meilleure utilisation de ses richesses souterraines. Les ministres responsables de l’exploitation des ressources minières se sont réunis à Addis-Abeba, en Ethiopie, en septembre 2008 pour élaborer un plan d’action avec à l’esprit, l’objectif de faire profiter les richesses des africains aux africains eux-mêmes, puisque la découverte récente de gisements miniers supplémentaires a fait de l’Afrique un pôle d’attraction pour les exploiteurs étrangers. Cette conférence a recommandé aux dirigeants africains une vision stratégique et un plan d’action pour l’utilisation des ressources naturelles afin de promouvoir la croissance économique, réduire la pauvreté et parvenir à un développement durable. Selon la Commission de l’UA, les ministres se sont penchés sur le caractère adéquat des régimes miniers actuellement en vigueur en Afrique, ainsi que sur les instruments visant à promouvoir un développement global sur le continent. Les ressources naturelles sont des atouts importants pour le développement de l’Afrique et elles doivent être exploitées correctement. L’Afrique doit construire l’utilisation de ses ressources sur le modèle du développement durable. Pour y parvenir, les pays africains doivent se doter de stratégie de négociation des termes d’échanges capables de leur permettre de tirer le maximum de bénéfice sur le cours des matières sur les marchés internationaux. Il ne sert à rien d’avoir des ressources s’il faut les brader à vil prix. En outre, la gestion des ressources naturelles doit être intégrée dans les programmes stratégiques de réduction de la pauvreté, les parlements nationaux et les commissions indépendantes doivent être impliquées dans la supervision de ce secteur, les régimes miniers africains doivent être révisés afin que l’extraction de leurs ressources minières fournissent plus d’options et de bénéfices pour les Etats. Les pays africains sont tout à fait conscients du manque de capacités locales et de moyens pour développer eux-mêmes leur secteur minier. C’est l’obstacle le plus grand qu’ils doivent surmonter pour réaliser leurs ambitions. Cependant, comme le dit l’adage, quand on veut, on peut. Ce qu’il faut le plus à l’Afrique pour l’instant, c’est de procéder à l’intégration de ses économies et de créer des emplois afin d’empêcher sa jeune main-d’oeuvre de migrer vers d’autres continents. Ce, afin qu’elle puisse mettre ses compétences au service du développement de secteurs économiques prometteurs comme le secteur minier. Cela est possible.