Article publié le 2011-03-09 par LNA Culture
KILISWATHI,une école pour apprendre à la fois les 4 langues nationales du Congo et sa culture [02/2011]
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Voilà maintenant trois mois que la seule école de langues du genre à Bruxelles a vu le jour. Après 90 jours d’activités, les trois initiatrices de KILISWATHI en dressent un bilan plus que positif. Et pour mieux comprendre leur enthousiasme, revenons quelque peu sur la genèse du projet…

Il était une fois KILISWATHI…

Après avoir remarqué de multiples carences au niveau de la culture et de la connaissance des quatre langues nationales du Congo (kikongo, lingala, kiswahili et tshiluba) dans leurs cercles amicaux et familiaux, Anda Busaki, Magali Nkiani et Christelle Pandanzyla décident de se pencher sérieusement sur la question. Elles constatent alors que les lacunes observées en la matière sont seulement la partie visible d’une problématique plus générale à savoir : le déracinement d’une frange de la population congolaise en prise avec des questions identitaires et culturelles fondamentales. C’est avec désarroi, qu’elles notifient l’absence de structure permettant d’apporter des éléments de réponses à ces questionnements. Dès lors, petit à petit, l’idée de créer une école a germé et le projet a commencé à prendre forme. Pendant des mois et des mois, elles se renseignent, frappent aux portes, suivent des formations, établissent des contacts avec des acteurs clés et sillonnent les associations afin de s’assurer de la viabilité et de la pérennité de leur entreprise. A cet effet, le sondage qu’elles ont réalisé sur un échantillon de 400 personnes est véritablement venu confirmer les premières impressions. Il en est ressorti, entre autres, chez la quasi-totalité des personnes interrogées un véritable besoin d’apprendre (ou d’améliorer) ces langues congolaises et ceci sans oublier la culture qu’elles véhiculent. « Il y avait, et, c’est assez paradoxal, dans les réponses données par ces personnes, un cri muet. Un cri parce qu’on pouvait l’entendre même lorsqu’il n’était pas verbalement explicité. A partir de ce moment là, KILISWATHI s’est imposé en notre for intérieur et nous ne pouvions plus ignorer cet appel. Le moment était venu d’agir concrètement » confie Anda Busaki. « Exactement, beaucoup de gens palabrent mais peu agissent ! A l’heure ou le Congo célébrait son cinquantième anniversaire d’indépendance, le moment était opportun pour lancer cette initiative. Comment un pays peut se construire sans que ses ressortissants connaissent leur histoire ? leur culture ? » questionne Magali Nkiani.
Ainsi naquit le projet KILISWATHI qui tire son nom original de la reprise de quelques lettres se trouvant dans les quatre langues nationales du Congo (KI pour kikongo, LI pour lingala, SWA pour kiswahili et THI pour tshiluba)

Au-delà des clivages traditionnels

Loin de favoriser le repli d’une communauté sur elle-même, l’école KILISWATHI est ouverte à tous: enfants âgés de 6 à 12 ans et adultes de plus de 18 ans. « Nous ne voulions vraiment pas faire du sectarisme. D’ailleurs, le nom du projet le montre bien, nous avons voulu dépasser tout cela en ne privilégiant aucune langue nationale congolaise au détriment d’une autre. Par ailleurs, de nombreuses études démontrent que le fait de parler sa langue maternelle ou une langue étrangère est toujours une plus-value et certainement encore plus dans un contexte de mondialisation » assure Christelle Pandanzyla. D’ailleurs, lorsqu’on visite l’école, qui a établi ses pénates dans les locaux de l’Université Libre Internationale tous les mardis soirs et les samedis matins, on retrouve des personnes issues de tous les horizons sociaux et appartenant à diverses nationalités. « KILISWATHI, c’est la diversité, c’est moi, c’est vous. Que l’on soit là pour x ou y raisons, finalement ce n’est pas ça le plus important. Pour moi, ce qui compte, c’est ce projet fédérateur et audacieux que ces jeunes filles ont mis en place. Je cherchais des cours de swahili pour pouvoir parler avec ma belle-famille depuis des années. J’en ai trouvé sur Internet mais ce n’est pas la même chose. Et puis qu’on ait en même temps des cours d’Histoire, de géographie, d’anthropologie et de littératures, ça c’est vraiment novateur ! Aussi, je n’ai pas hésité une seconde à m’inscrire lorsque j’ai entendu parler de KILISWATHI en octobre. Et aujourd’hui, 3 mois plus tard, je ne suis vraiment pas déçue » confie pleine d’exaltation une étudiante en swahili.

3 mois et après ?

Parce que finalement tout le défi peut se résumer dans cette question. Beaucoup d’associations et de projets ont commencé avec la même ferveur et beaucoup également se sont essoufflés avant l’heure. Comme pour faire la différence, les trois initiatrices ont concocté pour ce second trimestre de cours, un programme des plus alléchants : ateliers culinaires, conférences, tables de conversation, etc. De cette façon, ceux qui n’ont pas pu s’inscrire en octobre pourront venir à l’une ou l’autre activité en attendant les prochaines inscriptions du mois de septembre 2011.
« KILISWATHI, ce n’est pas l’histoire d’un mois ou d’une année. Nous sommes là pour rester, que cela plaise ou non. On ne cherche pas la reconnaissance ni même l’argent si c’était le cas on aurait fait autre chose je vous l’assure. Tout ce que l’on veut, c’est apporter notre pierre à l’édifice, montrer qu’il y a des jeunes actifs prêts à s’engager pour des causes auxquelles ils croient. défend Anda Busaki «Et là, en l’occurrence, la sauvegarde et la promotion des langues et de la culture est un combat qui en vaut assurément la peine ! » ajoute Magali Nkiani . Et Christelle Pandanzyla de conclure : « 3 mois et après ? 1 an, 3 ans, 5 ans, 10 ans. On voit grand, on voit loin sans perdre nos objectifs de vue. Travailler avec des professeurs qui nous ont suivis dès le départ et avec des élèves dont on voit l’apprentissage et l’évolution hebdomadairement est une de nos plus grandes motivations ».

Une chose est sûre, vu comme c’est parti et à en croire la détermination des trois jeunes filles, l’école KILISWATHI n’a pas fini de faire parler d’elle…

Contacts :
Info@kilsiwathi.be

www.kiliswathi.be

tèl : 0032/484950246