Article publié le 2011-01-10 par Par Athanase Déboué Culture
Mounira Mitchala, la coqueluche de la musique tchadienne [09/2010]
Mounira Mitchala © Helen Lloyd

Depuis l’âge de 16 ans, elle a jeté son dévolu sur la musique. Aujourd’hui, titulaire d’un diplôme de juriste et,responsable du Centre de Documentation du ministère de la Justice, la voix de Mounira Mitchala fait frémir les mélomanes aux quatre coins du monde. Une véritable révélation dans la pure tradition de la richesse de la culture tchadienne.

Une voix suave, une mélodie rythmée, des gestes et des actes de danse tirés du terroirtchadien, c’est la quintessence de l’inspiration de l’artiste musicienne Mounira. Découverte Prix RFI 2007, la musique de Mounira s’inspire de la tradition tchadienne et allie modernité. Lors d’une interview accordée au journal « AfiaviMag Com », la coqueluche de la musique tchadienne estime qu’elle a pour ambition de véhiculer à travers le monde une image positive de son pays. « Il faudrait que le monde entier découvre cette culture extraordinaire, et sache que le Tchad, ce n’est pas seulement la guerre ou les difficultés, mais aussi un pays de musiques, de danses et de la joie. On a beaucoup de choses qu’on doit aussi montrer avec la musique; j’ai tout le pouvoir et les moyens de le dire. Par exemple, dans mes chansons, il y a la culture du Nord, du Sud, du Centre, de presque toutes les régions du pays. » Née le 19 septembre 1979, Mounira Mitchala, de son vrai nom Mounira Khalil Alio, est aussi interprète, auteur compositeur de chants et de danses. Par la force du travail, elle a su créer son propre style : « je l’appelle « MouniraIntchala », parce que c’est une musique qui est propre à moi; c’est mon originalité, c’est mon propre style. C’est une musique que j’ai créée par moi-même. J’ai pris mon temps pour le faire parce que je ne voulais pas ressembler aux autres et puis je veux vraiment bien faire mon travail. » L’artiste croit qu’il est important de faire selon son propre style, de faire à partir de ce qui existe déjà, ou de reprendre des traditions. Elle relativise cependant : « c’est vrai que c’est bien parfois de reprendre des traditions, mais moi, je préfère plutôt les mélanger pour vivre avec mon temps. »Mounira allie tradition et modernité dans un style bon enfant. A travers ses chansons et ses titres évocateurs, cette voie mélodieuse que l’on surnomme « la panthère douce » du Tchad, chante la culture, les faits de société, l’environnement, les droits des femmes, la paix et l’amour. Dans son titre « Adjilidjay », elle montre son engagement pour la protection de l’environnement. « Adjilidjay veut dire le savonnier en malanga. C’était un arbre sacré chez les montagnards du Tchad qui vivent au centre du pays, plus précisément à Biking et à Mongo. Cet arbre, pendant des siècles, nous a produit de l’huile, du savon, de la gomme arabique. Avec son bois, nous fabriquons les pilons et les mortiers; avec ses racines, on se soigne; et avec ses feuilles, on prépare des sauces. Ces mêmes feuilles permettent aussi de pouvoir augmenter le lait de la chèvre. On s’en sert également pour fabriquer des instrumentsde musique. Il n’est cependant pas protégé par une loi ni personne. C’est pourquoi j’ai fait cette chanson, comme un cri, en son honneur, car on a des patrimoines qu’il ne faudrait pas laisser tomber. » Une raison qui pousse la panthère douce du Tchad à « prier » pour cet arbre : « c’est la raison pour laquelle lorsque je commence la chanson comme une prière, au milieu je soulève ma voix, c’est une façon de dire aux gens : « Voilà ce que l’arbre nous a donné; on le protège et on remercie Dieu de nous l’avoir donné en le faisant partie de notre vie. »

Le porte flambeau de la musique tchadienne

Par son bagage intellectuel, sa musique engagée, Mounira est le porte flambeau de la musique tchadienne.Elle est consciente du rôle primordial qu’elle doit jouer pour sensibiliser et conscientiser la jeunesse sur l’amour de la patrie et celui de sa culture : « à travers la musique, je transmets quelque chose; j’apporte quelque chose de positif dans le développement de mon pays, par exemple la paix. Je crois qu’on a besoin de la paix dans notre pays; le plus urgent c’est la paix, même à travers la chanson comme Adine, qui parle de notre culture et appelle les jeunes à aimer notre culture, qui est la leur en vérité. Car, actuellement beaucoup d’entre eux ont la tête tournée vers l’extérieur, vers l’Occident, alors que nous avons une culture très riche et très variée. Nous avons tous le devoir de la préserver pour les générations futures. »Le rêve de l’artiste, nourri depuis sa tendre enfance est une réalité. « C’est un rêve qui se réalise pour moi; j’ai toujours rêvé d’être artiste depuis mon plus jeune âge; ça fait du bien quand un rêve se réalise » confesse-t-elle. Contaminée par le virus de la musique, Mounira, grâce à ses revenus propres à pu s’autoproduire. Elle est une référence de la musique au Tchad, pays qu’elle adore et pour lequel, elle se bat au quotidien en étant la voix des sans-voix, en étant en phase avec les réalités de son peuple, de sa culture et de ses riches traditions.