Article publié le 2011-01-10 par Par Jamal Garando Diaspora
Association «Le 6ème SENS», Coup de pouce à une association bruxelloise [09/2010]
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L'association "Le 6e Sens", créée en 2009, a été mise sur pied par un ancien accidenté de la route, Samir El Bidadi (en 2003).Cette association a pour but de permettre aux personnes handicapées de retrouver une autonomie et de leur donner goût à la vie.Entretien à bâtons rompus avec le responsable Samir El Bidadi.

Comment est née cette association et depuis quand ?

L’Association est née après mon accident de voiture en 2003 et à ma longue hospitalisation puis ma sortie d’hôpital en 2005. Ce fut difficile sans aucun soutien réel sauf celui de ma famille. Durant ma revalidation à l’hôpital Erasme, j’ai découvert cette chanson qui racontait ce que je vivais à ce moment-là « le 6ème sens de Grand Corps Malade ». Les années ont passé et le destin m’a fait rencontrer cet artiste auquel je m’identifiais. La rencontre fût magique et j’ai pris la décision de créer l’association en 2009 en le baptisant du nom de la chanson avec l’accord et le soutien de l’artiste.

Qui dirige cette association ?

El Bidadi Samir, jeune belgo-marocain de 28 ans. Mes parents font partis de cette belle aventure humaine. Ils sont originaires de Berkane et d’Agadir.Ma petite équipe est composée de plusieurs jeunes amis bruxellois.

Est-ce que le domaine de l’handicap est mal connu de la population ?

Oui il est inconnu à cause de la peur. C’est pour cette raison que nous avons entrepris en 2010 plusieurs actions de sensibilisation avec une école de la ville de Bruxelles du nom de « L’Athénée Léon Lepage » ainsi qu’avec différentes associations et maisons de quartiers bruxelloises.

Est-ce que c’est un domaine qui est suivi au niveau politique, et/ou que demandez-vous aux politiciens ?

Aux autorités politiques nous souhaitons l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Malgré les efforts faits par les transports en commun, ce n’est pas encore suffisant. Outre les transports, nous constatons que la plupart des commerces au centre ville ne sont également pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. Il y a aussi les endroits publics tels que les cinémas, les musées, les théâtres dont l’accès n’est pas aisé pour les personnes à mobilité réduite. Je trouve aussi inadmissible que le stade Roi Baudouin qui a une capacité de 50.093 places ne peut accepter que 20 personnes à mobilité réduite. Donc, je constate que les activités culturelles et sportives ne sont pas accessibles à tous les citoyens. Après mon accident, j’ai également pu constater toutes les difficultés à trouver un emploi. Ce dernier point est d’actualité car plusieurs personnes de mon association souhaiteraient travailler mais il y a une très grande barrière qui nous freine … notre handicap !

Quel sont les artistes ou autres personnalités qui vous soutiennent dans vos actions ?

L’artiste « Grand Corps Malade » nous soutient depuis la création de l’association, vu son parcours similaire au mien. Effectivement en 1997, lors d'une colonie de vacances où il était animateur, en chahutant avec des amis, il a fait un plongeon dans une piscine dont le niveau de l'eau était trop bas. Il s’est déplacé grâce à des vertèbres et a été évacué en hélicoptère. Bien qu'on lui ait annoncé qu'il resterait probablement paralysé, il a retrouvé l'usage de ses jambes en 1999 après une année de rééducation. C'est en référence à ce handicap - et aussi à sa grande taille (1 m 94)- qu'il a pris le nom de scène de Grand Corps Malade en 2003.Nous sommes également soutenus par des artistes belges telle que Manza, Tiiw Tiiw, Nourdine Achali, l’humoriste Alexis Papageoriou et « Soprano » des psy 4 de la rime de Marseille. Nous sommes également soutenus par des personnalités politiques belges dont Philippe Close, Béa Diallo, Nadia El Yousfi, Franco Seminara, Fadila Laanan.

Quelles sont vos activités au quotidien ?

Nous organisons des activités de sensibilisation autour du monde de l’handicap, des sorties hebdomadaires (musées, théâtre, cinéma, restaurant, karaoké …).Il y a aussi nos collectes de sang trimestrielle au centre Hustin de l’hôpital Saint Pierre, rue Haute 290 à 1000 Bruxelles.

Pourquoi le don de sang ?

Parce que lors de mes opérations, j’ai reçu beaucoup de pochettes de sang. A présent c’est à mon tour d’aider les malades. Nous organisons aussi une collecte trimestrielle pour aider la Croix-Rouge de Belgique.

Est-ce que vous travaillez à temps plein pour votre association, sinon que faites-vous dans la vie de tous les jours ?

Je suis ouvrier sportif à la ville de Bruxelles. Nous ne bénéficions pas encore de locaux ni de subside étatique. Nos réunions et préparations des différents projets s’effectuent dans les cafés ou fast-food bruxellois. Le manque de moyens financiers et de locaux nous handicape !

Comment fait-on pour vous contacter et/ou participer aux activités de votre association ?

Facebook : groupe : le 6e sens association
Blog : le6esensassociation.skyrock.com
Site : www.le6esens.be
e-mail : samirelbidadi@hotmail.fr

 




Une association, un idéal

L'idéal vers lequel tend cette association est de permettre de devenir acteur ou redevenir acteur de son histoire. Si l'objectif semble bateau, le contexte lourd dans lequel évolue cette association (structures hospitalières...) le rend particulièrement judicieux.Lorsqu'une personne est confrontée aux séquelles physiques et morales qui font suite à un accident, son champ d'action et d'initiative se réduit brusquement pour s'approcher dangereusement du néant.En effet, lorsqu'une personne quitte l'enceinte de l'hôpital ou du centre de rééducation, même après une courte période, il se retrouve littéralement « parachuté » dans une société qui lui est ''hostile'' d'un point de vue administratif, social et professionnel.Le plus souvent, cette personne est livrée à elle-même et déstructurée à plusieurs niveaux avec des problèmes liés à l'emploi, à la mutuelle, au logement, aux relations familiales... Comment dès lors envisager l'avenir dans de telles conditions ? Comment ne pas plonger dans la spirale de la déprime qui frappe sévèrement ces personnes... Dès lors, l'objectif visé par ''Le 6e sens'' prend une importance toute particulière puisqu'il devient en quelque sorte un point de repère fiable pour le futur ''usager''. L’association propose d’accompagner l'usager dans ces démarches quotidiennes, d’assurer le rôle de pédagogue en veillant à lui expliquer le plus simplement possible toutes les démarches entreprises en vue de l'autonomiser progressivement. Il s’agit de lui servir d'intermédiaire, d'être le relais entre lui et les institutions publiques (ONEM, CPAS, Maison Communale, Mission locale...). Ce rôle est des plus importants car l'expérience montre que la voix d'un ''handicapé'' est rarement écoutée. Il faut alors jouer le rôle de l'«écoutant», de soutien moral et psychologique. Il ne s'agit pas ici de thérapie mais d'empathie, d'écoute active loin de toute forme de condescendance.

«Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6e qui les délivre; Bien audelà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction, ce 6e sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre» Grand Corps Malade - Parole de la chanson Sixième Sens