Article publié le 2010-12-13 par Par Daouda Emile Ouédraogo Politique
République démocratique du Congo, Un géant en devenir [06/2010]
Gradué en métallurgie école Don Bosco à Goma © Julien Harneis

La République démocratique du Congo fête ses cinquante ans. Durant un demi siècle, ce pays qualifié de «scandale géologique» tant par les richesses de son sous-sol, que par ses richesses forestières, tente de sortir de l’ornière du sous-développement.

La République démocratique du Congo est un fleuron de richesse dans le monde. Le pays de Joseph-Désiré Kabila dispose des plus importantes réserves minières du monde, notamment de cuivre, d’uranium, d’or, de diamant, de coltan et de minerais rares, comme le germanium. Depuis cinquante ans, au prix de mille et un sacrifices, le pays tente de se faire une place au soleil, non pas sans difficultés. Les immenses ressources précitées aiguisent les appétits des multinationales. La britannique Anglo American, absente du pays depuis les années quatrevingt- dix, a officiellement ouvert un bureau à Kinshasa. Tout comme le géant angloaustralien Rio Tinto, qui a «repris contact» après cinquante années d’absence. BHP Billiton (autre anglo-australien), De Beers (sud-africain) et Phelps Dodge (groupe appartenant à l’Américain FreePort McMoRan) sont déjà présents.

Audit des accords

Afin de rassurer ces opérateurs, un code des investissements et un code minier ont été adoptés respectivement en 2002 et en 2003. Mais ces dispositions se sont pour l’instant avérées insuffisantes. En 2005, un rapport du député Christophe Lutundula épinglait certains joint-ventures constitués, ces dix dernières années, entre les entreprises d’État et plusieurs groupes miniers, qui auraient profité du chaos pour négocier et obtenir des contrats «léonins». En mai 2009, le gouvernement a annoncé qu’une soixantaine de ces accords seraient audités. Cette revue a commencé le 11 juin 2009. L’examen se fera «au cas par cas» et des propositions seront faites «en vue de corriger les déséquilibres constatés», précise Martin Kabwelulu, le ministre des Mines. Grâce à une politique basée sur la transparence et la rigueur, le Président de la République, depuis son accession au pouvoir, tente de mettre de l’ordre dans ce secteur. Cette situation a permis de séparer «le bon grain de l’ivraie» et de remettre sur les rails une économie minière déjà moribonde.

La bataille d’eau et d’électricité

Grâce à son pragmatisme, le gouvernement a enclenché une autre bataille: celle de l’eau et de l’électricité. La riche hydrographie de la RD Congo lui confère un potentiel hydroélectrique estimé à 100 000 Mégawatts, soit 13% du potentiel hydroélectrique mondial. C’est une mine d’or pour produire l’électricité. La puissance installée totale est évaluée actuellement à 2 516 Mégawatts (MW), soit 5% du potentiel total pour une production moyenne possible de 14 500 Gigawatt (GW)/heure. La production effective n’est actuellement que de 6 000 à 7 000 GW/ heure. L’hydroélectricité représente 96% de la production d’électricité, les 4% restants étant fournis par des centrales thermiques de faible puissance, situées pour la plupart dans des zones isolées.

Faire du privé, le fleuron de l’économie

Le pays de Patrice Lumumba veut faire du privé, le fleuron de l’économie. Certes, de nombreuses multinationales exploitent qui le diamant, qui le bois ou encore le coltan. Mais, le secteur privé de la RD Congo est en nette expansion avec comme socle la facilitation pour les entreprises de se créer et de faire des affaires. La RD Congo, malgré tous les aléas, se positionne comme le fer de lance du développement en Afrique. Cependant pour y arriver, il faut que les fils et les filles de ce géant se donnent la main et fassent la paix. Les richesses dont regorge le pays ne pourront pas profiter aux populations si celles-ci ne peuvent pas vaquer à leurs occupations sans avoir la peur au ventre. Que ce soit au Darfour, au Katanga ou ailleurs, la paix doit être un viatique. Les considérations et les intérêts personnels des chefs de guerre doivent laisser place aux intérêts de la nation et du peuple. C’est seulement à ce prix que les activités économiques pourront se développer et faire réellement de la RDC un géant en devenir.

La course vers le développement

Aucun peuple, aucune nation ne doit s’octroyer le monopole de la violence. Les Congolais ont traversé l’histoire. Mais, après un demi-siècle de vie, c’est un horizon dégagé qui s’offre à eux. Ils ont le devoir de vivre et de vivre heureux; pour y parvenir, un sursaut d’orgueil ne sera pas de trop. Il va falloir du courage politique mais, aussi le désir ardent de bousculer des habitudes, des modes de vie, des comportements qui ne répondent pas aux idéaux d’une nation qui veut se développer. Dans cette course vers le développement, tout ne roulera pas comme sur des roulettes. Albert Einstein disait qu’une personne qui n’a jamais commis d’erreur, n’a jamais tenté d’innover. Alors, l’expérience étant la somme de nos échecs, les Congolais doivent accepter qu’ils fassent des erreurs mais que celles-ci devraient les propulser vers des réussites plus totales et plus globales. Dans ce cas de figure, il sied de s’inspirer des expériences des autres nations, des autres peuples en matière de développement. Les exemples foisonnent dans le monde. Les dragons asiatiques en sont l’illustration parfaite. Ces pays ont fait des avancées considérables en un demisiècle d’existence parce qu’ils ont osé inventer une autre manière de gouverner, une autre manière de bâtir leur nation. L’Afrique a le regard tourné vers ce peuple du Congo car, il n’y a pas de progrès ni de démocratie sans le sacrifice qui fait accéder à la lumière. Le peuple congolais en a les moyens, il suffit de s’y mettre avec rigueur et abnégation.