Article publié le 2010-12-13 par Par Alexandre Korbéogo Politique
RD Congo, Un peuple, une nation, une histoire [06/2010]
© Walterito

Il y a cinquante ans naissait une nation au coeur de l’Afrique: le Congo. Successivement, ce pays prendra le nom de Congo Belge, de Zaïre, pour aujourd’hui s’appeler la République démocratique du Congo. Pendant ce temps, que de chemins parcourus pour bâtir son histoire.

C’est en 1885 que débute l’ascension de ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo (RD Congo ou RDC). A cette date, la conférence de Berlin, partageant l’Afrique en petits morceaux de ‘gâteau’ pour les pays colonisateurs, reconnut la souveraineté de Léopold II sur le Congo. Le pays prit le nom d’Etat libre du Congo. Boma est la capitale. Kinshasa, la capitale aujourd’hui, portait le nom de Léopoldville. Une omerta de gestion des ressources minières va s’imposer. Les chemins de fer se construisent. Le pays entame le développement des infrastructures. Parallèlement, les ressources forestières, tel le caoutchouc, vont servir à construire des bâtiments administratifs en Belgique, notamment à Anvers. La gestion de l’Etat libre du Congo par le roi Belge connaîtra des écarts d’atteintes à la vie des citoyens. 1908 devient alors une date fatidique. Le roi, sous la pression de ses sujets, cède l’Etat à la Belgique. La Belgique baptise alors cet Etat du nom de Congo Belge. De cette époque naît l’exploitation du cuivre et du diamant. Et, en 1920, Léopoldville, qui deviendra plus tard Kinshasa, devient la capitale en remplacement de Boma. Petit à petit le Congo se dessinait, non sans difficultés.

Eduquer ou périr

L’éducation à cette époque était la chasse gardée de l’Eglise. En moins d’une décennie, plus de 500 indigènes ont été formés à la prêtrise. Seulement 15 universitaires sortirent des rangs des indigènes. Dans ce cas de figure, il était difficile de bâtir une administration locale solide après les indépendances, les intellectuels autochtones faisant défaut. A l’approche de 1960, le Congo belge s’est trouvé dépourvu de personnel politiquement formé pour prendre la relève. Au vu de cette donne, il fallait coûte que coûte réagir. Le Gouvernement belge s’engagea alors à former des élites tout en planifiant l’organisation de l’indépendance, fixée pour le 30 juin 1960. Il ne faut pas passer sous silence les luttes des fils du pays, tel Patrice Lumumba, qui faisait partie des intellectuels ‘éclairés’. Ce sont les émeutes créées par ces leaders politiques qui ont contraints les Européens à quitter le pays en 1959. A la tête du Mouvement national Congolais (MNC), Patrice Lumumba va se battre pour un ‘Etat congolais fort et centralisé’. En face, ses adversaires veulent une solution confédérale avec la Belgique. C’est le premier cité qui remportera la bataille mais au prix de sacrifices énormes.

Un réveil d’espoir

L’histoire de la République démocratique du Congo est fortement lié à un homme charismatique dont les idéaux et les idéologies ont fait bouger les choses dans ce pays eldorado: Patrice Lumumba. Juste avant les indépendances, c’est-à-dire en mai 1960, il remporte l’élection présidentielle avec son parti, le MNC. Joseph Kasavubu devient le Président du Congo, après la proclamation de l’indépendance le 30 juin 1960. Patrice Lumumba sera son Premier ministre. La haine des partis politiques va s’exacerber avec de multiples crises et conflits. Ces crises et conflits, il faut le reconnaître, ont été attisés par des hommes politiques, affamés du pouvoir. On retrouve Moïse Tchombé qui, dès juillet 1960, incite le Katanga à faire sécession. Le clash intervient dès le 14 septembre 1960 où le colonel Joseph-Désiré Mobutu tente un premier coup d’Etat soutenu par des forces étrangères. Certaines sources parlent de la Central Intelligency Agency (CIA). Une guerre civile atroce, dont les cicatrices ont du mal à disparaître, fait ravage. C’est dans ce cafouillage que Patrice Lumumba est assassiné en 1961. Le Congo perdait un de ses fils les plus charismatiques et patriotiques de son histoire. En 1963, la sécession katangaise prit fin. Mais pas les velléités de coup d’Etat d’un homme tapis dans l’ombre: le colonel Mobutu Sésé Séko. 1965, il s’empare du pouvoir et dépose Joseph Kasavubu, appuyé par des États extérieurs (dont la Belgique, la France et les États-Unis). Ce fut le début d’une autre vie marquée par un pouvoir et un règne sans partage du colonel. D’abord, il se fait appeler: Joseph-Désiré Mobutu dit Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga, ce qui signifie «guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter». Il instaura un régime autoritaire de type présidentiel, fondé sur un parti unique, le Mouvement populaire de la révolution (MPR), et l’entérine par une nouvelle constitution en 1967. Avec l’arrivée au pouvoir du président Mobutu, appaA?rut le concept officiel du «recours à l’authenticité ». Cette authenticité fut définie comme le désir d’affirmer l’«africanité congolaise» et le refus d’adopter les valeurs venues d’ailleurs (l’Occident). En 1970, Mobutu devenu général, élu pour un mandat présidentiel de sept ans, lance un vaste programme d’africanisation. D’aucuns ont cru voir en lui un «messie». Dès sa prise de pouvoir, le pays est rebaptisé ‘Zaïre’. Il sera trente deux ans au pouvoir. Le Zaïre va se vider de ses ressources minières,

L’heure de la renaissance

Ancien compagnon de Patrice Lumumba ayant survécu grâce à la guérilla et à divers trafics, Laurent-Désiré Kabila, fut choisi en 1996 par tous les alliés des États-Unis, pour occuper la succession de Mobutu. L’année suivante, la rébellion de Laurent-Désiré Kabila, entra dans Kinshasa et chassa le président Mobutu le 17 mai 1997. Il se réfugia au Maroc pour y décéder deux mois plus tard. L’espoir suscité par la venue de Laurent-Désiré Kabila va s’estomper progressivement. Il change rapidement le nom du Zaïre, qui devient la République démocratique du Congo. Le 16 janvier 2001, un de ses gardes met fin à la vie de Laurent-Désiré Kabila. Son fils ainé, le général major Joseph Kabila prend le pouvoir. Les Congolais ont souffert durant cinquante ans de la gestion politique de leurs fils. Mais, ils ne sont pas coupables car, les coupables, on les connaît. Ils ont simplement prêté le flanc à des voraces qui ont tout fait pour créer des conflits afin de les piller. Heureusement, que ce bilan politique lourd et chargé de sens ainsi que de sacrifices commencent à porter ses fruits avec la paix qui se profile à l’horizon. Car, quelle que soit la profondeur de la nuit, tôt ou tard, il fera jour. Un jour nouveau se lève sur la RD Congo.