Article publié le 2010-12-11 par Propos recueillis par Kenza Garba Actualité
Rapport du Crans Montana Forum, L’Afrique après les G20 de Londres et Pittsburgh [05/2010]
Plusieurs Premières Dames étaient conviées à participer à une séance spéciale consacrée à la Dignité de la Femme © Crans Montana Forum

Le Forum de Crans Montana sur l’Afrique a réuni les dirigeants les plus influents de l’industrie, des gouvernements et de la société civile leur permettant de contribuer à faire de l’Afrique un endroit meilleur pour les investissements étrangers et les entreprises, et également de modeler une Afrique plus humaine. Ce forum était principalement consacré à l’avenir de la coopération Nord-Sud alors que la coopération Sud-Sud est désormais un objectif principal pour l’Afrique.

Le Crans Montana Forum 2010 sur l’Afrique a eu lieu du 7 au 10 Avril 2010 à Bruxelles. Cette année, Patricia Faraut, Présidente de Africa Femmes Performantes, Inc. a participé au forum.

Le Forum de Crans Montana

Le Forum de Crans Montana est une organisation internationale établie depuis 1986, dont l’importance et le prestige sont établis. Elle est reconnue par toutes les grandes Organisations Internationales. Son but est de contribuer à la construction d’un monde plus humain: «Committed to a more humane World». Le Forum de Crans Montana travaille à encourager la coopération internationale et la croissance globale tout en maintenant un haut niveau de stabilité, d’équité, et de sécurité. Il s’agit également de favoriser les meilleures pratiques et d’assurer un dialogue global.
Ce forum est aujourd’hui un événement mondial reconnu et incontournable qui figure sur l’agenda de tout décideur soucieux de ses responsabilités et des opportunités exceptionnelles qu’il y trouve. Chaque Forum représente une occasion unique pour les dirigeants d’entreprises et les officiels de haut niveau de mettre en oeuvre leurs stratégies, consolider leurs relations avec leurs partenaires et développer de nouvelles opportunités de coopération.

M. Jerry Rawlings, ancien Président de la République du Ghana, a co-présidé les travaux avec Monsieur Jean-Paul Carteron, fondateur du forum. Plus de 450 délégués représentant les Etats de l’Afrique ont participé à cette rencontre avec les délégations d’Amérique du sud, du Moyen-Orient et de l’Asie.

Un must

Le forum est un Forum mondial, politique et économique, consacré à la situation de l’Afrique, face à la crise mondiale et ses conséquences discutées lors du G20 de Londres, aux nouvelles relations de l’Afrique avec la nouvelle Commission européenne et le nouveau Parlement européen et à l’avenir de la coopération Sud-Sud. En fait, cette réunion des plus stratégiques est un must pour les décideurs des secteurs publics et privés africains.

Plusieurs Premières Dames étaient conviées à participer à une session spéciale consacrée à la promotion de la Dignité de la Femme. Cette session était présidée par Madame Irina Bokova, Directrice Générale de l’UNESCO. On pouvait noter la présence de la Première Dame du Ghana, Ernestina Naadu Mills, la Première Dame d’Albanie Teuta Topi, Chantal Compaoré du Burkina Faso, la Première Dame du Mozambique Maria da Luz Dai Guebuza, la Première Dame du Nigéria Madame Patience Goodluck Jonathan, Fouzia Raza Gilani du Pakistan et son altesse Royale la Princesse Loulwa Al Faisal, d’Arabie saoudite.

Les conclusions du Forum

Ambassadeur Jean-Paul Carteron, fondateur du Forum: Le but de cette réunion était de mettre en place des mécanismes qui permettront à l’Afrique de devenir une puissance mondiale.
Honorable Dr. Hage. Geingob, Ministre du Commerce et de l’Industrie, République de Namibie: Le futur de l’Afrique repose sur une coopération Sud/Sud, il a insisté sur le problème sérieux de la redistribution que connaît l’Afrique et fait remarquer qu’on ne peut pas permettre que l’Afrique soit riche avec une population pauvre.

M. Donald Kaberuka, Président de la Banque Africaine de Développement: La question de changement de paradigme en Afrique est essentielle,il est important de parler de la manière dont on peut refaçonner l’Afrique, le respect ne peut apparaître que s’il repose sur l’autonomie des Etats. Chaque pays doit pouvoir redéfinir le chemin qui l’emmène dans la prospérité. Nous sommes 1 milliard d’hommes et de femmes. L’Afrique doit être un pôle de croissance et non une destination d’aide. Pendant la crise, le G20 nous a demandé de redéployer nos ressources.

M. Terence Brown, Directeur Général de la Banque Européenne d’Investissement: Nous sommes dans une nouvelle ère pour la coopération entre l’Afrique et l’Europe; partenaires égaux, nous devons redéfinir ce qui nous rassemble, les femmes doivent être intégrées dans les systèmes économiques de nos pays. Il doit y avoir plus de transparence dans les rapports et plus de cohérence, en faisant preuve de rationalisation des institutions européennes pour travailler main dans la main, en impliquant le secteur privé.

Madame Diarra Mariam Flantié Diallo, Ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies au Mali, a pour sa part souligné que les nouvelles technologies deviennent incontournables pour l’Afrique, elle a rappelé les recommandations d’octobre 2007 de Kigali qui étaient de connecter les pays africains avec leurs frontières et d’ici 2015, connecter les villes d’Afrique. L’intelligence et le cerveau humain sont les choses les plus partagées; et l’Africain détient également cette intelligence pour appliquer les nouvelles technologies qui sont une des voies de salut pour l’Afrique.

M. Youssouf Ouedraogo, Conseiller Spécial du Président de la Banque Africaine de Développement. Après avoir fait un état des lieux des modèles de développement qui ne marchent pas en Afrique: pourquoi l’Afrique n’a pu obtenir que 2% sur le marché mondial? Pourquoi avec des systèmes comme l’Agoa, les accords de Cotonou, les accords de Lomé, rien ne marche? Est-ce que l’ordre du jour est bien posé en Afrique? Si l’ordre du jour n’est pas bien posé, on ne peut apporter la bonne réponse. Il y a un certain nombre de pré requis qu’on doit respecter: dettes, défis de crise. Pourquoi ne pas poser le problème autrement pour trouver l’équité? Le commerce est une bonne chose, mais on ne peut pas vendre si on n’a pas les produits. Comment peut-on produire des matières premières et racheter très cher les produits finis de l’extérieur? Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’impulser notre propre développement? L’Afrique doit se prendre en main et poser ses propres problèmes. La Banque Africaine de Développement a décidé de se concentrer sur des programmes régionaux d’intégration pour avoir les économies d’échelle: infrastructure, barrages hydrauliques, agriculture. Nous devons trouver des combinaisons et ouvrir notre monde à un monde de coopération et de respect mutuel.

M. Turki Faisman, al Al Rasheed, Chairman Golden Grass, Arabie saoudite: La nourriture et l’agriculture sont importantes, dans ce secteur, on ne peut se permettre d’être en crise, le rôle de l’agriculture est là pour assurer la sécurité alimentaire, le phénomène de mal nutrition a touché un milliard de personnes cette année. La croissance économique ne peut aller à l’encontre du secteur agricole. Un des principaux acteurs de croissance est de reconstruire des petites infrastructures rurales. L’agriculture permet d’améliorer le niveau de vie des populations. Le blé est la nouvelle arme du monde.

Madame Flavia Palanza, Directrice associée à la Banque Européenne d’Investissement, Luxembourg: Nous disposons de 5 milliards d’euros pour les investissements de 2007 à 2013. 400 millions pour les subventions et les bourses, pour un accès au trust fund pour les infrastructures entre l’Union Européenne et l’Afrique. L’objectif de la Banque Européenne d’investissement est de nouer des partenariats entre le secteur public et prive; car s’il n’y a pas d’infrastructures, il n’y a pas d’industrie ni d’intégration économique. Les secteurs qui sont financés sont les secteurs générateurs de revenus, tels que les autoroutes à péage. Les projets doivent être sains car c’est aussi une banque de développement qui respecte les règles de l’environnement. 150 millions d’euros sont disponibles pour les infrastructures en Afrique, l’intégration régionale est prioritaire. Il y a des subventions pour financer les études de faisabilité des projets liés à la construction.

M. Sergey V. Kurilin, CEO, Afrique Alliance, Russie: Les buts essentiels de cette organisation russe est de relancer ses rapports de partenariat avec l’Afrique, de favoriser l’extension et le développement de la coopération internationale multilatérale entre la Russie et les pays africains afin de consolider les relations d’affaires et de production, ainsi que les liens culturels et économiques.

Les Premières Dames d’Afrique et du monde ont participé à une session spéciale consacrée à la promotion de la Dignité de la Femme. Cette session était présidée par Madame Irina Bokova, Directrice Générale de l’UNESCO, le 10 Avril 2010.

Première Dame du Nigéria, Madame Patience Goodluck Jonathan: Les conférences et les discours ne suffisent pas, nous devons passer à l’action et s’assurer que les droits à l’éducation des petites filles sont effectifs. Les femmes doivent s’unir, se tenir les coudes pour assurer un impact sur l’éducation de la société. Les femmes sont les blocs de construction de la société, former les femmes, c’est former l’ensemble d’une nation.

Son Altesse Royale Princesse Loulwa al Faisal, Arabie saoudite: Il faut dégager les opportunités pour permettre de passer de la charité à la mise en oeuvre des programmes d’éducation. Il y a une urgence des mesures proactives en Afrique en tenant compte des traditions. Il existe de nombreuses manières pour faire avancer la dignité des femmes. La bureaucratie est un obstacle.
Première Dame du Mozambique, Madame Maria da Luz Dai Guebuza: Les femmes peuvent influencer dans tous les domaines, à condition qu’elles soient formées. De nombreuses femmes adultes sont analphabètes. Sans formations, la femme ne peut apporter sa contribution pour l’avancement de la société. Ce sont les femmes qui travaillent dans l’agriculture, dans le commerce, il est essentiel de créer un institut de formation pour la dignité de la femme pour quitter ce statut.

Première Dame du Burkina Faso, Chantal Compaore: Avec 83% des femmes non alphabétisées au Burkina Faso en 2007, la problématique de la généralisation des apprentissages utilitaires se pose davantage avec acuité, car il est impossible d’envisager le développement durable sans des actions multiformes d’éducation des femmes qui représentent environ 52% de la population.

Conclusions d’Africa Femmes Performantes

Patricia Faraut, Présidente de ‘Africa Femmes Performantes’: L’Afrique est désormais au centre de nouveaux grands enjeux mondiaux. Bref, elle était «mal partie»; la voilà de «retour» à grande vitesse. Passons aux actes, les actes parlent plus que les mots. A Africa Femmes Performantes, nous pensons que la création d’un institut de formation pour la dignité des femmes ne peut pas apporter des changements significatifs; nous croyons qu’il est plus urgent d’augmenter la participation des femmes dans les instances de prises de décision, dans les organes législatifs (municipalité, députation, sénat). Rendez-vous au 4eme Congrès International de la Femme Noire, en Zambie, Novembre 2010, sous le Haut Patronage de la Première Dame, Madame Thandiwe Banda.
http://www.femmesperformantes.com