Article publié le 2010-03-10 par Production: Jamal Garando www.map.co.ma Maghreb
Des documentaires et des reportages maghrébins couronnés par des prix internationaux [02/2010]
Les réalisateurs et metteurs-en-scène du Maghreb ont fait une démonstration forte lors de la quatorzième édition du Prix International du Documentaire et du Reportage Méditerranéen, qui s’est achevée lundi quatorze décembre 2009 à Marseille, après 5 jours de compétition.
Organisé par le Centre méditerranéen de communication audiovisuelle (CMCA), cette remise de prix est surtout l’occasion pour les quatorze pays qui y participent d’échanger leurs idées et leurs images et de resserrer les liens. Le CMCA a ainsi veillé à ce que la rive nord et la rive sud soient représentées équitablement dans le jury de manière à constituer des « regards croisés ».
C’est la rive sud qui a toutefois ramené le prix Faro d’Oro, qui récompense un magazine de télévision traitant de sujets d’actualité.
La journaliste Najlae Benmbarek qui a créé le reportage lauréat, «La force de l’Atlas», chronique de la vie d’un groupe de berbères dans le sud du Maroc. Le film démontre comment l’époque, les migrations et la sécheresse viennent aujourd’hui menacer cette manière de vivre ancestrale dans le sud.
D’autres films du Maghreb ont également été encensés par la critique. L’algérien Djamel Ouahab a reçu le prix de la ‘Première œuvre’ pour son film «Gerboise bleue», qui explore les effets des essais nucléaires français sur les victimes touaregs et françaises.
Un autre algérien, Malek Bensmail, a présenté un film merveilleux, «La Chine est encore loin». L’oeuvre raconte l’histoire d’instituteurs français et d’un caïd algérien qui sont devenus les premières victimes de la guerre pour l’indépendance algérienne. Le documentaire, qui soulève aussi des interrogations sur le système éducatif algérien, a été nominé pour le prix des ‘Mémoires de la Méditerranée’.
Egalement en lice dans cette catégorie, la réalisatrice marocaine Leïla Kilani, dans le film «Nos lieux interdits,» accompagne durant trois ans quatre familles en quête de vérité sur la violence d’Etat durant les années de plomb.
Le metteur en scène marocain Jawak Rhalib a été retenu pour le prix ‘Enjeux Méditerranéens’ avec son film «Les damnés de la Mer».
Karim Souaki, qui raconte l’histoire d’un tunisien malade du SIDA dans «Silence», a été nominé pour le prix «de la première œuvre documentaire».
Deux réalisatrices tunisiennes se sont également distinguées par des nominations. Sarah Benillouche a été nommée pour le prix ‘Art, Patrimoine et Cultures de la Méditerranée’ pour son oeuvre «Les belles de Cadix», et les juges ont récompensé Sonia Kichah pour son film «Le peuple oublié de Cassis» par le prix de la Première Oeuvre. « On voit beaucoup de réalisateurs de la rive sud de la méditerranée faire des films avec peu de moyens qui enregistrent ce qu’il se passe dans leurs pays et qui élaborent des discours très intéressants sur les sociétés du sud », dit Mohamed Tozy, membre du jury et sociologue marocain. «Cela participe à construire une sorte de vivre ensemble et de bâtir demain», ajoute-t-il. Martine Viglione, Présidente du CMCA, remarque également le potentiel de cette compétition à resserrer les liens. «On sait que la méditerranée est traversée par du tragique, on sait que c’est compliqué, que l’Union pour la méditerranée est difficile à réaliser mais on doit savoir qu’à travers ce genre de manifestations culturelles, il est possible de passer au-delà de ces difficultés. Du moins peuvent-elles participer à poser une petite pierre pour aller de l’avant», dit-elle