Article publié le 2010-01-06 par Daouda Emile OUEDRAOGO Editorial
Une année pleine de défis pour l’Afrique [01/2010]
LNA # 16 (janvier 2010)
Daouda Emile OUEDRAOGO
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Une année vient de succéder à une autre. Une nouvelle page s’ouvre pour les uns. C’est la continuité pour les autres. L’année 2009 a tiré sa révérence en faisant place à 2010. En Afrique, comme partout ailleurs, on met les bouchées doubles pour débuter cette nouvelle année avec entrain et surtout, partir du bon pied pour emprunter le langage des athlètes. Toute nouveauté est pleine d’incertitudes. 2010 l’est aussi pour les Africains. L’inconnu a toujours été une obsession. Sans être dans les secrets des dieux, 2010 sera une année charnière pour l’Afrique. Elle consacre les 20 ans de l’avènement de la démocratie en Afrique. L’on se rappelle la chute du mur et la Conférence de la Baule qui ont imposé la démocratie à «l’occidentale» à l’Afrique. Après 20 ans d’expérimentation, 2010 est inévitablement le temps du bilan de la praxis de cette forme de démocratie. Collectivement et individuellement, le bilan doit être dressé. Dans les années 90, des engagements ont été pris. 20 ans après, il s’agit de savoir où nous en sommes dans le respect de ces engagements. Qu’est-ce qui a marché ? Qu’est-ce qui ne l’a pas été ? Pourquoi cela n’a pas marché ? Ce sont là les questions auxquelles tout Africain doit répondre ; quel que soit son niveau intellectuel, quelle que soit sa responsabilité dans la société. En répondant à ces préoccupations, nous devons tirer leçons des acquis, mieux appréhender les insuffisances afin d’avancer, la main sur le cœur, vers des lendemains meilleurs, vers l’épanouissement de notre continent. L’Afrique en 2010 sera le terreau fertile des élections. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, les Africains iront aux urnes pour choisir qui leur président, qui leur maire, qui leur député. Après 20 ans de pratique des différentes formes de démocratie calquées sur l’Occident, l’Afrique doit prendre sur lui, le courage de forger son modèle démocratique. Les politologues les plus avertis, les éminences grises africaines, qui enseigne les différents modules politiques dans les universités occidentales peuvent contribuer à cette réflexion. L’Afrique en a besoin au vue des «gaffes» opérés par la démocratie à l’occidentale. La Guinée, la Côte d’Ivoire, Le Sahara occidental, Madagascar, La ED Congo, la corne de l’Afrique en général prouve que la greffe n’a pas pris. A l’entame de cette nouvelle année, il est urgent, hic et nunc, que l’Afrique se regarde dans la glace. A travers ce regard, nous devons, en patriote averti, faire le choix d’une Afrique qui croit en son destin, qui le maîtrise et travaille à cultiver sa démocratie avec ses valeurs et ses particularités propres. C’est une question de liberté politique chère à Alexis de Tocqueville : «les hommes ne sauraient jouir de la liberté politique sans l’acheter par quelques sacrifices, et ils ne s’en emparent jamais qu’avec beaucoup d’efforts.»