Article publié le 2008-05-21 par Daouda Emile Ouedraohgo Editorial
L’Afrique change son fusil d’épaule [05-06/2008]
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Au coeur de l'Afrique se trouve ancrée la sensation d'aller de l'avant. Confronté à de multiples maux, le continent cherche ses marques dans le concert des nations. Après 40 ans d'indépendance, l'Afrique est en train de prendre le pool de son aspiration à un lendemain meilleur. Ayant pris conscience que l'aide au développement ne peut suffire à cette fin, que l'endettement occasionné par les politiques d'ajustement structurel constitue une gageure quant à son épanouissement, le continent veut aujourd'hui changer son fusil d'épaule. Il s'inscrit dans la logique du gagnant-gagnant pour ses relations commerciales. Mieux, dans le tempo du partenariat basé sur l'égalité, le respect et la réciprocité.

Le Sommet indo-africain l'a une nouvelle fois réaffirmé. L'Afrique ne veut plus être la vache qu'on trait sans laisser un reste à ses petits, qu'elle doit nourrir et choyer. C'est une deuxième naissance de ce continent, avec ses valeurs, ses peines et ses joies. C'est aussi la lecture qu'il convient de faire de la réaction de Kinshasa face aux critiques essuyées des anciens colons belges, qui doivent savoir que le temps est aux relations adultes. Ainsi, aussi longue que sera sa nuit, le jour finira par se lever dans ces pays encore en proie à des soubresauts les plus divers, de la Côte d'Ivoire en passant par le Zimbabwe et le Kenya. Un an après la signature de l'Accord politique de Ouagadougou qui a tracé la voie pour une sortie définitive de la crise au pays de feu Félix Houphouët Boigny, le bout du tunnel n'est pas loin. Ce sera sûrement le 30 novembre, date du premier tour des élections présidentielles en Eburnie.

La valeur d'une lutte, aussi puissante soit-t-elle, ne se mesure pas à la hargne des combattants mais plutôt à la noblesse du combat. Celui que mène l'Afrique est une lutte sans merci contre l'ignorance, les maladies, la faim. Sur la voie de l'espérance, les chercheurs africains ont aussi leur mot à dire dans la lutte contre le mal du siècle, le VIH/Sida, afin que le continent dispose de toutes ses compétences nécessaires à son envol. Et, la lueur pointe à l'horizon même si d'aucun pense que l'Afrique ne mérite pas, à cause de la modicité de ses moyens scientifiques et technologiques, de découvrir en premier le remède de ce mal qui le ronge plus que tout autre continent. Mais aussi, loin du continent, à voir Barack Obama se défaire avec maestro des intrigues politiques des primaires américaines pour postuler au fauteuil du bureau ovale, l'Africain mérite respect.

Dans cette lancée, le développement du continent, berceau de l'humanité, ne se fera pas sans sa culture. Comme le disait Lorenz in «L'agression», « tout ce que l'homme vénère et révère par tradition, ne représente pas une valeur éthique absolue mais, n'est sacré que par rapport au cadre de référence de telle ou telle culture ». Celle de l'Afrique a sa spécificité que nul ne peut nier. C'est inspiré de cette culture que des stars tel Youssou N'Dour font rêver les mélomanes à travers le monde, comme à Paris Bercy. Les Africains ont compris que personne ne nous accordera le développement sur un plateau doré. Il faut se dépêtrer à l'atteindre tout seul, en prenant pour repères ceux des continents qui ont presque subi les mêmes avatars que l'Afrique. L'Asie par exemple. S'inscrivant dans cette réalité fondée sur le sens du beau, «Le Nouvel Afrique» vient lui aussi de faire peau neuve, avec un format qui passe désormais à 48 pages. C'est donc dans cette optique qu'il faut comprendre cette édition spéciale qu'il vous propose de déguster durant les mois d'avril et de mai. Excellente lecture.