Article publié le 2015-03-18 par Par Innocent Sossou Dossier
Dossier spécial Burkina Faso / économie - Reprendre du poil de la bête [02/2015]
« Ouagadougou » par Wegmann — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0

Après avoir perdu plus d’une centaine de milliards de F CFA lors des derniers événements survenus dans le pays, les Burkinabés se sont remis au travail. Objectif : relancer l’économie en vue d’atteindre un taux de croissance à 2 chiffres dans quelques années.

L’économie burkinabé a besoin de se relancer après les vagues de manifestations qui ont secoué le pays ces derniers mois. Avec à la clé une perte d’environs 200 milliards de F CFA (environs 305 millions d’euros), l’économie a pris un coup. Rapidement, les autorités en charge des finances sont en train de reprendre du poil de la bête avec une série de mesures qui va, à coup sûr, redonner un nouveau souffle à l’économie. Même s’il est vrai que la prévision de départ pour l’année 2014 (près de 7 à 8 pour cent) ne sera pas atteinte, il n’en demeure pas moins que les choses bougeront sur le plan économique. L’économie se relancera rapidement parce qu’un potentiel existe, des richesses inestimables existent.

En effet, ce n’est pas la première fois que l’économie du Burkina Faso subit les affres d’une crise quelconque. Elle a toujours su et pu sortir la tête de l’eau. En 2013, le pays a subi les effets du faible niveau des cours de l’or sur le marché international. Malgré une conjoncture économique défavorable, le taux de croissance économique réel est resté fort (6.9 %), mais en baisse par rapport à 2012 où il a atteint 9 %. L’agriculture et les mines demeurent les principaux secteurs moteurs de la croissance économique en 2013. La faible capacité d’absorption des dépenses d’investissements publics reste la principale faiblesse du système national de gestion des finances publiques. Cette situation constitue une contrainte à l’accélération du rythme de croissance économique et compromet les chances du pays dans l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015.

Il est vrai que le Burkina Faso participe faiblement aux chaînes de valeur mondiales. Les principaux obstacles sont notamment l’accès aux infrastructures transnationales, l’accès et la fiabilité de l’énergie ainsi que la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée. Pour améliorer sa participation aux chaînes de valeur mondiales, le pays devra mettre en place de manière cohérente une stratégie qui cible le développement des chaînes de valeur.

Une activité économique dynamique


L’activité économique au Burkina Faso est demeurée dynamique en 2013 malgré une croissance moins forte que l’année précédente. En effet, la croissance économique devrait se situer à 6.9 % en 2013 contre 9 % en 2012. Le repli de la croissance en 2013 s’explique par la baisse de l’activité minière en liaison avec le faible niveau des cours de l’or sur le marché international. En termes de perspectives de croissance économique en 2014, le pays devrait maintenir un rythme de croissance forte, de 7 %. Les principaux secteurs moteurs de la croissance économique sont l’agriculture et les mines. Le secteur agricole pourrait profiter des mesures à gains rapides, concernant notamment l’accès aux intrants et aux matériels agricoles. Le secteur minier devrait connaître un essor en 2014, notamment grâce à l’augmentation de la production d’or.

Les pressions inflationnistes devraient se réduire avec la baisse des prix des produits alimentaires grâce aux boutiques témoins mises en place par les pouvoirs publics sur tout le territoire national pour la distribution de produits de grande consommation à des prix accessibles aux populations à faible revenu. Elles devraient ainsi demeurer en dessous de la norme communautaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 3 % en 2014 et 2015.

Le pays met en œuvre un vaste programme d’infrastructures dans le cadre de sa stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). Dans le domaine des infrastructures, les réalisations portent sur les travaux de construction (bâtiments, routes) dans le cadre des festivités de l’indépendance du pays et le bitumage des routes (Dédougou-Nouna-Frontière du Mali, Ziniaré-Zitenga, Boromo-Sakoinsé). Il y a également le projet de construction de l’aéroport de Donsin qui se poursuit. Les grands travaux pour la réalisation des pistes d’atterrissage devraient commencer en 2014 et le chantier devrait être totalement achevé en 2017. Les pouvoirs publics ont également poursuivi la mise en œuvre de grands programmes de développement de pôles de croissance dont notamment ceux de Bagré, du Sourou et de Samandéni. La faible capacité d’absorption des investissements publics étant une contrainte importante, le pays devrait réformer tout le travail de préparation et d’exécution des projets d’investissement en vue d’améliorer leurs résultats.

Inciter au retour des investisseurs

Au plan politique, le climat social est resté tendu depuis 2013 à cause de la volonté politique des autorités en place de réviser la constitution du pays pour permettre au président déchu de briguer un 5e mandat mais également en raison de la cherté de la vie. Les dernières élections couplées (législatives et municipales) de décembre 2012 s’étaient déroulées sans heurts majeurs et l’on s’attendait à une normalisation du climat socio-politique en 2013, après la grave crise sociale de 2011. Le pays vient d’entamer une nouvelle page de son histoire tant politique, économique que sociale. Le défi majeur qui se pose aux autorités actuelles est de maintenir la stabilité politique, redonner confiance aux investisseurs et faire régner la paix. C’est le prix à payer pour convaincre les hommes d’affaires qui hésitent encore à déposer leur baluchon au Burkina Faso.