Article publié le 2013-06-12 par Par Laetitia Kalimbiriro Société
Journée mondiale de l’enfant africain - Pour une lutte efficace contre la pauvreté [05-06/2013]
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En juin 1991, aux Nations unies, les décideurs du monde décrétaient le 16 juin comme la «Journée Mondiale de l’Enfant Africain», en mémoire des lycéens sud-africains massacrés à Soweto en 1976. La célébration de cette année a été placée sous le thème de la «pauvreté».

Ce jour-là, au cours d’une réunion des étudiants dirigés par Tsietsi Mashinini, 19 ans, le «South African Students Movement» décida de dénoncer une mesure inappropriée, une mesure injuste, coulée dans un décret qui instaurait l’afrikaans comme nouvelle et unique langue d’enseignement. Or, il s’agissait de la langue des Blancs dans un pays baignant dans l’apartheid. Les jeunes en appelèrent au boycott : une foule estimée entre 15 000 et 20 000 personnes fut réprimée par des policiers du régime ségragationniste de Pieter Botha dans un bain de sang toute la journée jusque tard dans la nuit. Saura-t-on jamais le chiffre exact des victimes ?

En tout les cas, le matin du 17 juin, le bilan officiel était de 23 morts, tandis que les familles pleuraient une centaine de morts. Des policiers armés jusqu’aux dents, soutenus par des unités anti-terroristes et des hélicoptères, devaient faire «respecter l’ordre à tout prix, et user de tous les moyens à cet effet», selon l’ordre du Ministre de la justice à l’époque, Jimmy Kruger.

En commémoration de ce dramatique évènement, chaque année, l’Union africaine commémore le 16 juin sous un thème différent. En 2013, elle a choisi «la pauvreté» comme thème de réflexion.

Le souvenir des jeunes guinéens toujours vivace

La pauvreté frappe la jeunesse africaine. On se rappelle que deux jeunes guinéens, Yaguiné Koïta, 15 ans et Fodé Tounkone, 14 ans, en ont illustré les dramatiques conséquences lorsqu’ils furent trouvés morts de froid dans le train d’atterrissage d’un avion de la Sabena le 2 août 1999. Ils ont laissé une lettre testament adressée à «Messieurs les Membres et Responsables d’Europe». Dans un langage d’adolescents, ils parlaient de la pauvreté, du défi de l’instruction, du manque de sports, de l’inégalité entre parents riches et pauvres, des droits bafoués de l’enfant africain, et spécialement guinéen.

Yagunie et Fodé ont écrit notamment ceci : «Nous sacrifions et exposons notre vie, c’est parce qu’on souffre trop en Afrique et qu’on a besoin de vous pour lutter contre la pauvreté et mettre fin à la guerre en Afrique… Aidez-nous, nous avons des problèmes et quelques manques de droit de l’enfant… Quelques problèmes : la guerre, la maladie, la nourriture… Droits de l’enfant, c’est en Afrique, surtout en Guinée, nous avons des écoles, mais un grand manque d’éducation et d’enseignement, sauf dans les écoles privées qu’on peut avoir une bonne éducation et un bon enseignement, mais il faut une forte somme d’argent et nos parents sont pauvres… c’est nous nourrir, ensuite nous avons des écoles de sports tels que football, basket… Dans ce cas, nous les Africains, surtout les enfants et jeunes africains nous vous demandons de faire une grande organisation efficace pour l’Afrique, pour qu’il soit progressé… ».

Ces jeunes martyrs auraient-ils inspiré les Nations unies en septembre 2000 lorsque 189 leaders mondiaux ont fait la promesse de libérer de la pauvreté plus d’un milliard de personnes avant 2015 ? Un plan de route qui présente huit objectifs à atteindre en 2015, et qu’on appelle les «Objectifs du Millénaire pour le développement» (OMD). Après 13 ans, cet OMD a-t-il obtenu des résultats palpables ?

Hélas non ! Il reste de grandes disparités entre les régions du monde, tandis que la pauvreté touche de plus en plus de personnes, y compris dans les pays développés. Le taux de pauvreté est calculé au seuil de 60% pour les familles monoparentales, les personnes isolées, les familles nombreuses et les personnes immigrées.

Un enfant africain ne devrait pas souffrir de la pauvreté, ni matérielle, ni morale, ni intellectuelle, comme c’est le cas actuellement, et pour cause. La nature a été généreuse envers l’Afrique : le sol et le sous-sol de l’Afrique regorgent de richesses qui assurent la prospérité à bien des peuples dans le reste du monde. Le sol de l’Afrique, ses mers, sa faune et sa flore devraient constituer tout ce qu’il faut pour que l’Enfant africain ne pose pas la question de sa subsistance, et encore moins cherche son salut dans l’exil pour aspirer à un monde meilleur. Ceci démontre pour quelles raisons l’Union Africaine a choisi la pauvreté comme thème de l’année 2013 à juste titre.

C’est dans ce contexte que, pour célébrer la Journée Mondiale de l’Enfant Africain, ce samedi 29 juin 2013, les asbl «Dimanche Ensemble» et «Sous l’arbre à palabre» organisent un grand évènement culturel avec des enfants de Belgique. Il sera porté par les poèmes des comédiennes Awa Sene Sarr et Bwanga PiliPili, ainsi que la chorégraphie de Greg tirée de la littérature africaine sur l’enfant.

«Dimanche Ensemble» et «Collectif des Femmes pour la Paix et la Justice».