Article publié le 2012-11-11 par Par Jamil thiam Diaspora
Après l’exposition des «20 visages de Matongé» - Le photographe Jean Goovaerts s’engage à immortaliser «Miss RDC Belgium 2013» [11/2012]
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Après le vernissage réussi des photographies originales « Matonge en noir et blanc », le 29 mars 2012 à la Fnac de la Toison d'Or à Bruxelles, le virtuose photographe freelance, Jean Goovaerts, s’est engagé à travailler avec le comité d’organisation de Miss RDC Belgium 2013. Votre magazine Lenouvelafrique l’a rencontré d’ailleurs dans le Matongé qu’il porte tant dans son cœur, en train de faire sa deuxième série "shoot photo" avec les candidates, de jeunes congolaises âgées de 18 à 26 ans, dans une complicité giclant dans ses prises. Dans ce projet, Goovaerts a eu le soutien d'Afrikavision, qui veillera à faire le reportage et la diffusion sur Télé-Bruxelles.

«Matonge en noir et blanc» et «20 visages de Matonge»

Ce projet «Matonge en noir et blanc» en 2012 ou les «20 visages de Matonge» en 2011 symbolisent la diversité de gens venus d’ailleurs. Il ne s’agit pas seulement de projets de photos, mais il s’agit de savoir et de comprendre comment toutes ces personnes se sont retrouvées dans un coin et quels ont été les chemins parcourus.

L’histoire d’une vie et d’une diversité.

Tout a commencé en juillet 2009. J’étais assis sur un banc à côté d’une femme africaine qui lisait son journal dans un costume traditionnel. Je me suis demandé comment cette dame avait fait le parcours de l’Afrique jusqu’à Bruxelles pour s’assoir ici et lire son journal. C’est pour dire que chaque personne véhicule une histoire derrière elle. C’est toute cette composition qui fait, fondamentalement, un pays. On naît d’un père, on grandit, on apprend un métier, on arrive à l’âge adulte, on se marie, on apprend l’amour, on travaille, on prend la retraite et on n’a plus une vie. C’est dire que tout le monde cherche le bonheur et dans chaque culture, les fondements sont les mêmes.

Adhésion des africains dans ce projet

Le projet a connu une réponse tout à fait favorable de la part des africains. Toutes les personnes qui ont participé à l’œuvre sont des personnes vivantes. Elles ont été impliquées et sont en phase avec les images. Elles se reconnaissent dans les portraits qu’elles ont validés elles-mêmes. C’est çà la magie de ce projet. A travers cet appareil photographique, il y a un lien qui s’est tissé. On se rencontre, on se connaît et on se reconnaît. Pour moi, photographier, c’est effectivement dialoguer : c’est un échange entre l’autre et moi. Et tout comme le dialogue, cet échange peut être superficiel ou alors être plus profond, plus confiant. Il y a plus d’un an, j’ai eu la chance d’entrer dans le Matonge, de déambuler et d’observer d’abord. Et puis, petit à petit, la chance de croiser d’autres personnes, d’oser le regard. De bonjour à bonsoir, j’ai commencé à percevoir des sourires. De là, j’ai commencé à croiser des hommes. J’ai croisé des hommes et des femmes tels que la vie les avait forgés, avec des joies sans doute, mais très certainement aussi des vies grandies dans la douleur.

Un autre regard sur Matongé

Le fait de voir les humains a beaucoup changé le visage de Matongé. Ce projet intègre en réalité un autre regard tout à fait contraire sur le quartier Matongué. Ce projet est porteur d’un message vers l’extérieur, c’est l’inventaire des gens qui y habitent. C’est une métropole impersonnelle, des couples y vivent, s’y côtoient sans se connaitre, sans s’approcher. C’est çà qui fait la richesse de ces groupes. «20 visages de Matongué», ce sont des visages de femmes et d’hommes qui ont une passion commune pour Matonge, une volonté d’ouverture et de compréhension des autres, une pratique quotidienne et habituelle de la mixité sociale et culturelle.

Quelle approche …

Cette approche «africaine» a été de dire que toutes ces cultures sont un mélange avec celles de l’Europe. On essaie de montrer les facettes de chaque culture. Les gens posent la question, vous venez d’où ? On a déjà fait une étape d’ouvrir cette notion que chaque individu vient d’un pays, d’une culture. On a suscité un intérêt par l’approche Matongué. Aujourd’hui, l’association Greeters fait visiter gratuitement le quartier avec comme objectif prioritaire de s'engager en faveur d'un tourisme de développement, respectueux de l'homme.

Projets en vue

Après le projet de Miss RDC Belgium 2013, mon projet est de photographier le monde de la boxe avec deux boxeurs dont une boxeuse marocaine et un boxeur guinéen. Je vais suivre leurs entrainements, avant, pendant et après leurs compétitions et prendre des photos au moment du combat. C’est pour montrer que le monde de la boxe vit aussi. L’autre projet, c’est de réaliser 50 portraits et de faire un lien à travers toutes ces expériences.

Perception sur les artistes africains

C’est une question que je me suis toujours posée. J’ai été toujours admiratif par rapport au savoir que les artistes africains transportent. Beaucoup de sagesse, plus près de la terre, de l’être humain. Je suis impressionné par les artistes de la diaspora. Il y a des langages qu’ils véhiculent. Ces gens, à travers leur travail d’artiste, portent leur pays très haut.

Dernier mot

Mon espoir est qu’aujourd’hui Matongé puisse continuer la cohabitation dans la multiculturalité. Nous devons dépasser la gentrification (promoteurs immobiliers qui achètent les immeubles et ensuite les revendent plus cher aux plus riches). Matongé est le centre de l’Europe, une cloison amovible avec le monde. Dans cette perspective, ce qui m’interpelle, c’est qu’on essaie de vivre ensemble. Les gens, de peuples différents, y sont réunis sans intervention extérieure.