Article publié le 2019-12-05 par Alexandre Korbéogo Economie
Production agricole - L’Afrique, le grenier du monde
photo par Asimbahwe Gratien etd CubeMEDIA CM - travail personel, CC BY-SA 4.0,

De part sa superficie et la disponibilité des espaces cultivables, l’Afrique constitue le grenier du monde. Cette réalité semble mise sous le boisseau à cause de la faiblesse des politiques agricoles des pays africains. Malgré tout, certains tirent leurs épingles du jeu.

Avec ses 30 415 873 km2, l’Afrique est une potentialité énorme en matière d’agriculture. Des milliards d’hectares sont emblavés dans les différents pays permettant de créer une production agricole diversifiée et variée. En 2006-2007, la production céréalière selon le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), au Sahel avait donné 15 millions 102 mille 134 tonnes. D’année en année, cette production connait une croissance qui fait de l’Afrique une entité agricole considérable. Les différentes spéculations favorisent une meilleure prise en compte des réalités des terrains cultivables en Afrique. Si le Sahel, malgré les aléas climatiques, les difficultés liées à la rareté des pluies parvient à produire cette quantité, le reste de l’Afrique surtout celle australe, centrale, etc., sont des « scandales agricoles. » L’Afrique n’utilise que 25 % de ses terres cultivables faute de moyens. Cette donne n’empêche pas le continent de développer des initiatives favorisant l’amélioration de la qualité de ses productions agricoles. Des pays africains sont aujourd’hui sous le sceau de la sécurité alimentaire. Tandis que d’autres sont à la traîne. Triste réalité. Les États africains qui ont su donner à l’agriculture la plénitude de son sens, sont ceux qui en tirent le plus de bénéfice. Il est urgent et nécessaire que les États africains accordent au moins 10 % de leur budget au volet agricole. Cela permettra à l’Afrique de faire mentir les pronostics en matière de sous-développement agricole. Si certains pays sont qualifiés d’exemple en la matière c’est que les autres peuvent suivre la cadence pour un meilleur devenir.

 

Les exemples à suivre

Le philosophe grec Xénophon disait que « l’agriculture est la mère de tous les arts : lorsqu’elle est bien conduite, tous les autres arts prospèrent ; mais lorsqu’elle est négligée, tous les autres arts déclinent, sur terre comme sur mer ». Plusieurs pays africains ont bien conduit l’agriculture. Parmi ceux-ci, le Maroc, l’Algérie, le Mali, le Sénégal, l’Éthiopie, Madagascar, le Niger, le Malawi, le Zimbabwe et les Comores, pour ne citer que ces pays. Ils ont eu le courage d’accorder plus de 5 % du budget de leur État à ce volet. Bénéfice : ces pays ont récolté des millions de tonnes de céréales par saison agricole. En 2009, l’Algérie a produit plus de 6 millions de tonnes de céréales permettant du coup d’atteindre la sécurité alimentaire. Le Mali en a fait mieux en prévision de cette saison agricole. Selon le site Afrique Avenir, le Mali attend une production de 7,4 tonnes de céréales dont 2,2 millions de tonnes de riz, lors de la campagne agricole 2010-2011. L’état des cultures était satisfaisant à la date du 30 juillet, le niveau de réalisation des céréales sèches comme le mil, le sorgho, le maïs et le fonio atteignant près de 73 pour cent. En général, le continent africain développe une agriculture de rente. Le défi qui se pose aujourd’hui est de transformer cette agriculture en une industrie. On ne peut pas être le grenier du monde et permettre que des enfants meurent de faim en Afrique. Dans les différents foras sur le domaine, les techniciens et les spécialistes ont durant les âges, diagnostiqué les forces et les faiblesses du continent. Dans l’Observateur du 06 août 2010, l’agronome et chercheur sénégalais, Moussa Seck affirmait que l’Afrique porte en elle-même les germes de sa propre croissance agricole, qui lui permettrait non seulement de se nourrir, mais de dégager des surplus pour d’autres continents. Selon le chercheur, il y a lieu de faire du financement de l’agriculture une priorité : « les superficies cultivées, actuellement de 200 millions d’hectares, devront être portées à 400 millions d’hectares pour un objectif de production de 3 milliards de tonnes, tout produit confondu », a indiqué le chercheur. Pour lui, la vision d’une agriculture africaine reposera sur une politique agricole dépassant les frontières et couvrant l’ensemble du continent et des Îles. Le développement de l’Afrique passe indéniablement par le développement de l’agriculture. Les Africains doivent en faire une priorité absolue car, le monde jugera l’Afrique dans le concert des nations si ses enfants dorment de faim alors qu’elle est le grenier du monde.