Article publié le 2019-11-27 par Souleymane KANAZOE Economie
Africa CEO Forum - Renforcer l’épargne intérieure en Afrique
Samuel Gayi, économiste principal pour l’Afrique à la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement). (CC BY-SA 2.0) CNUCED

 

La 7e édition de l’Africa CEO Forum s’est tenue les 25 et 26 mars 2019 à Kigali, au Rwanda. Au cours de cette rencontre, un panel a été dédié à la question de l’épargne en Afrique dans le cadre du financement d’infrastructures sur le continent.

Dans le cadre de l’Africa CEO Forum 2019, les participants au panel dédié aux « Infrastructures et financements locaux » ont appelé les dirigeants africains à révéler le niveau de l’épargne. « Si on ne relève pas le niveau d’épargne de nos économies, on ne tiendra pas nos objectifs en matière d'infrastructures », a affirmé Corneille Karekezi, PDG du réassureur Africa-Re. Et pour cause, le besoin en infrastructures se fait sentir eu égard au fait que les villes africaine se développent à grande vitesse et que l’Afrique comptera 450 millions d’habitants de plus d’ici 2030. « Le marchés de capitaux sur le reste du continent ne sont pas encore de très grande envergure et il y a encore des risques encore trop élevés dans les chemins de fer, les ports et les aéroports », a souligné Claver Gatete, ministre rwandais des Infrastructures.

Selon l’ONU, les banques traditionnelles n’ont pour clients que 20% des Africains. Si elles parviennent à mieux exploiter les vastes ressources financières qui leur échappent, de plus larges sommes d’argent seront disponibles pour les investissements. La capacité des pays africains à financer une plus grande part de leurs besoins de développement à partir de leurs ressources intérieures, « leur donnerait la flexibilité indispensable pour formuler et mettre en œuvre des politiques adaptées » pour répondre aux défis du développement, orienter leurs ressources vers les secteurs à haute priorité tout en « renforçant la capacité de leurs États », affirme un rapport de la CNUCED intitulé : Le Développement Économique en Afrique, Retrouver une marge d’action: La mobilisation des ressources intérieures et l’État développementiste.

Selon Jeune Afrique, les 400 milliards de dollars gérés par les compagnies locales de réassurance sont ainsi à 80 % investis dans des actifs à court terme.  A titre d’exemple, au Nigeria, seule 12 % de la population place de l’argent dans des fonds de pension.  C’est en cela que Corneille Karekezi, PDG du réassureur Africa-Re prône le relèvement niveau d’épargne des économies.

La CNUCED note que l’Afrique perd chaque année des centaines de milliards de dollars à cause de la fuite des capitaux, de la fraude fiscale, du rapatriement des profits par les sociétés multinationales et du montant élevé du remboursement de la dette extérieure. « Mais simultanément, le large “secteur informel” de l’économie possède des ressources financières considérables qui ne sont pas déposées sur des comptes en banque et qui ne passent pas non plus par d’autres canaux du secteur financier traditionnel », révèle Samuel Gayi, économiste principal pour l’Afrique à la CNUCED. Il y a de nombreuses causes à ce faible taux d’épargne en Afrique, parmi lesquelles les services financiers inadéquats. En outre, l’éloignement physique des institutions bancaires et des exigences de dépôt et de solde minimum élevés font que la majorité de la population n’a pas accès aux services bancaires. En conséquence, seulement 20% des familles africaines détiennent un compte en banque.

Samuel Gayi exhorte les dirigeants du continent doivent lancer une initiative destinée à exploiter les ressources locales pour financer le développement des infrastructures africaines. Il faut développer l’épargne et s’assurer qu’elle est orientée vers des investissements productifs est essentiel pour la croissance économique, note le rapport 2005 du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies intitulé « Mobiliser les ressources financières nationales pour le développement ». Le rapport affirme que ces objectifs devraient par conséquent être une préoccupation centrale des décideurs nationaux.