Article publié le 2019-02-21 par Souleymane KANAZOE Economie
Classement Doing Business 2018 - Le Rwanda, champion d’Afrique des réformes
Kigali par Francisco Anzola (CC BY 2.0)

L’édition 2018 du classement Doing Business établi par la Banque mondiale vient de paraître. L’étude vient confirmer les efforts des pays comme le Rwanda, Maurice ou encore le Maroc en termes de réformes économiques et administratives visant à faciliter, voire même assainir l'environnement des affaires.

190 économies passées à la loupe, à travers des critères qui vont de l’électrification à la facilité de création d’entreprise, en passant par la pression fiscale et la protection du droit à la propriété. C’est l’objectif poursuivi depuis quinze ans par la Banque mondiale à travers son classement Doing Business. Pour cette édition 2018, il ressort que le premier pays africain à apparaître dans ce classement est l’île Maurice, qui décroche la 25e place. Le Rwanda est le deuxième pays africain après l'île Maurice en passant de la 56e à la 41e place.

Pour nombre d’observateurs, le volontarisme de Paul Kagamé semble avoir joué un rôle plus que signifiant, salué par les analystes de la Banque mondiale. Selon le PointAfrique, au cours de la dernière année, le petit d'État d'Afrique centrale a mis en œuvre cinq réformes, ce qui a facilité les affaires, notamment en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises. D’où la satisfaction du ministre du Commerce et de l'Industrie, Vincent Munyeshyaka. « Avec le temps, nous avons trouvé que le rapport était un outil utile pour attirer des investissements dans le pays. Cela nous aidera à identifier les domaines dans lesquels nous devons améliorer et informer les politiques », a-t-il déclaré au journal News Time à l'occasion de la publication dudit rapport.

De son côté souligne le PointAfrique, Maurice continue sur sa lancée. Surnommée la future « Singapour d'Afrique », l'île a mis en œuvre quatre réformes qui l'ont propulsée à la 25e place sur le plan mondial. Ces principales mesures pour améliorer le climat des affaires portent sur la sous-traitance de la conception et des travaux de raccordement aux égouts. Cette disposition a permis à Maurice d'accélérer les délais d'obtention d'un permis de construire, et d'améliorer ses notes sur la facilitation du commerce transfrontalier. « Par leur position, Maurice et Kigali confirment leur rôle de locomotives pour tout le continent. Leurs résultats reflètent aussi la nouvelle dynamique qui porte l'Afrique au rang de continent réformateur », affirme Oumar SEYDI, Directeur Régional d’IFC pour l’Afrique subsaharienne. Selon lui, il faut poursuivre l’effort de réforme. « L’Afrique fait face à des défis immenses, qui peuvent se transformer en opportunités pour les investisseurs si les conditions sont réunies. Le continent fournit moins d’un pourcent de la production industrielle mondiale, alors que 650 millions d’africains n’ont pas accès à l’électricité, 350 millions à l’eau potable et moins d’un pourcent à la bande passante », souligne Oumar SEYDI. Il ajoute que l’Afrique abrite la plus grande surface de terre non cultivées au monde, et pourtant importe chaque année 35 milliards de dollars en nourriture.

Nigeria, Malawi, Djibouti, Zambie figurent tous désormais dans le top dix mondial

Selon Doing Business 2018, le Maroc est la 3e économie la plus performante en Afrique, derrière l'île Maurice et le Rwanda, mais devance au top 5, le Botswana et l'Afrique du Sud, ses grands rivaux. En Afrique du Nord, le Maroc reste le leader régional et occupe le 69e rang mondial parmi 190 pays avec un score de 67,91 points, plus fort que la Tunisie (88e), l'Égypte (128e) et l'Algérie (166e), rapporte le Point Afrique. Dans la même région, l'Algérie perd dix places dans le classement Doing Business pour l'année 2018 et se situe désormais au 166e rang sur 190 économies.

Il est mentionné dans le rapport que le Nigeria, le Malawi, Djibouti, la Zambie figurent tous désormais dans le top dix mondial des pays où le climat économique s'est le plus amélioré par rapport à l'an dernier. Signe tangible de cette nouvelle donne en 2003 par exemple, il fallait en moyenne 61 jours pour créer une entreprise en Afrique subsaharienne. Aujourd'hui, il en faut 24, ce qui n'est pas si éloigné de la moyenne mondiale de 20 jours. « Les efforts de réforme de l'Afrique subsaharienne méritent largement d'être soulignés quand on sait que la région est le théâtre de multiples crises et que de nombreux pays sont en proie aux conflits et aux violences», souligne Rita Ramalho, directrice par intérim du groupe des indicateurs mondiaux de la Banque mondiale.

Doing Business a enregistré 264 réformes dans le secteur des affaires à travers le monde, dont 83 en Afrique subsaharienne. Une performance saluée par les auteurs du rapport. En tête du palmarès de Doingbusness 2018, la Nouvelle-Zélande, Singapour et le Danemark se partagent le podium.