Article publié le 2017-03-01 par Mouhamadou Moustapha Thiam Politique
Un Boabab, Étienne Tshisekedi wa Mulumba décédé à Bruxelles - Un monument tire sa révérence
Etienne Tshisekedi en Juin 2016 à Bruxelles. © BELGA PHOTO / THIERRY ROGE

Tout le peuple de la République démocratique du Congo (RDC),  la classe politique dans son ensemble a rendu hommage  au légendaire opposant Etienne Tshisekedi qui s’est éteint dans un hôpital de Bruxelles le 1er février, d’une embolie pulmonaire, à 84 ans. Une perte énorme pour tout un pays. Un monument s’est en allé.

Jusqu’à la fin de sa vie, Étienne Tshisekedi s’est battu pour son pays, la République démocratique du Congo (RDC). Né le 14 décembre 1932 à Luluabourg (actuel Kananga), dans une famille modeste du Kasaï, province du centre de ce qui était alors une colonie belge, il vibre au moment de l’indépendance du Congo en 1960.

 

Il obtient son diplôme de docteur en droit à l'université Lovanium de Kinshasa en 1961, devenant ainsi le premier diplômé en droit du Congo. Déjà en 1960, il est membre du collège des Commissaires généraux, gouvernement provisoire mis en place par Joseph-Désiré Mobutu après un coup d'État, en tant qu’adjoint du commissaire à la Justice, Marcel Lihau.

 

Il a 27 ans et s’initie à la politique dans ce qui deviendra le Zaïre de Mobutu Sese Seko.

 

Entre 1961 et 1965, Étienne Tshisekedi est le recteur de l'École nationale de droit et d'administration (ENDA). Il participe au gouvernement congolais et devient ministre de l'Intérieur et des Affaires coutumières du président Joseph-Désiré Mobutu en 1965. Il prend part à la rédaction de la Constitution congolaise de 1967. Cette même année, au conclave de Nsele, Tshisekedi rédige, avec Mobutu, Justin Bomboko et Singa Udjuu, le manifeste de la Nsele, créant ainsi le Mouvement populaire de la Révolution. Ce parti devient ensuite le parti unique.

 

Le manifeste de la Nsele dans sa version originale prévoyait l'existence de deux partis politiques au Congo. Mobutu le modifie unilatéralement en consacrant le monopartisme avant d'éloigner progressivement Tshisekedi à cause de l'intransigeance de ce dernier vis-à-vis du monopartisme.

En 1980, le président de l'Assemblée nationale, Kalume, meurt. Mobutu nomme Nzondomio Adokpelingbo au lieu de son remplaçant légal, Tshisekedi. En décembre 1980, lui et d'autres parlementaires rédigent une lettre ouverte à Mobutu, la Lettre des 13 parlementaires dans laquelle ils dénoncent la dictature exercée par Mobutu.

 

En 1982, Tshisekedi participe à la fondation de l'UDPS. À la suite de cela, il est plusieurs fois emprisonné et subit une oppression avec les autres fondateurs, certains trouvent même la mort.

 

Tshisekedi comme candidat de l'UDPS (Bukavu, RDC, novembre 2011)

 

Lors de la période d'instabilité politique au début des années 1990, le Zaïre met en place une Conférence nationale souveraine chargée de redresser le pays. Ce forum national élit Tshisekedi Premier ministre le 15 août 1992.

 

En tant qu'un des principaux opposants du pays, il ne peut mener à bien sa mission de remise sur pied du pays. Les occidentaux lui préfèrent Kengo wa Dondo. À l'encontre des résolutions de la Conférence nationale, Mobutu démet Tshisekedi de son poste de Premier ministre le 5 février 1993.

 

En 1997, Mobutu, malade, n'exerce plus le pouvoir et les troupes de Laurent-Désiré Kabila s'approchent de la capitale. Pendant cette période, un vide politique s'installe à Kinshasa et un semblant d'anarchie y règne. Pour combler ce vide, Tshisekedi est de nouveau nommé Premier ministre du 2 au 9 avril 1997.

 

En mars 1998, la commission congolaise qui prépare une nouvelle constitution a fait savoir que Tshisekedi était déchu de ses droits politiques pour son rôle dans la mort de Patrice Lumumba en 1960 et 1961.

 

En 2003, Tshisekedi refuse d'entrer dans le gouvernement de transition. Il est depuis 1997, avec l'UDPS, à la tête d'un mouvement d'opposition non violent, ayant été à diverses reprises l'instigateur de manifestations, et à l'origine du boycott, avec peu de succès, du référendum du 18 décembre 2005 sur la constitution d'une Troisième République.

 

Le 23 décembre 2011, à l'issue d'une élection présidentielle, Joseph Kabila est proclamé Président de la république. Étienne Tshisekedi, qui est arrivé deuxième de ce scrutin organisé pour la première fois en un seul tour, revendique la victoire. Il se proclame par la suite président de la République démocratique du Congo et prête serment depuis sa résidence de Limete.

 

A la suite de ce scrutin contesté, Tshisekedi radie du parti les Députés élus de l'Udps qui malgré l'interdiction ont siégé au parlement.

 

En mars 2012, plusieurs partis politiques dont l’Union pour la démocratie et le progrès social, la Démocratie chrétienne (DC) et le G14, des associations de la société civile, des autorités traditionnelles et des associations de jeunes se regroupent en une plateforme, la Majorité présidentielle populaire.

 

En juillet 2014, Tshisekedi quitte la RDC pour la Belgique où il est traité pour des problèmes de santé. Il y reste jusqu'en juillet 2016 où il effectue un retour à Kinshasa, applaudi par des centaines de milliers de Congolais. Fin janvier 2017, alors que l'UDPS participe aux négociations avec le président Kabila qui reste au pouvoir malgré la fin de son mandat, il quitte Kinshasa pour Bruxelles pour raison de santé. Tshisekedi meurt le  1er  février 2017 d'une embolie pulmonaire.