Article publié le 2017-06-17 par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
Oser ! [11-2016]
LNA 98

Les grandes réalisations, les grands hommes de l’histoire contemporaine ont été et voulu par la volonté d’oser créer un monde qui réponde aux aspirations de l’existence. Sur cette lancée, le continent africain veut oser créer le changement ; un changement dans les mentalités, un changement dans les manières de faire, un changement dans le savoir-faire et le savoir-être. Apprendre à se construire, à s’instruire, à lever les yeux vers l’horizon où triomphent la grandeur des âmes et des luttes pour la survie, telle est l’aspiration du continent. L’Afrique, face à ses difficultés, écoute les joies et cherche à répondre aux aspirations de ses filles et de ses fils. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, un vent d’espoir souffle. La force de ce vent réside dans la volonté des jeunes africains d’oser lutter pour construire leur avenir. Le sang des ancêtres-esclaves crie et prie pour que l’Afrique de demain soit un havre de paix, d’amour et de mieux-être. Les sacrifices de ses fils tombés sur la route de l’esclavage contribueront à faire de l’Afrique une référence dans le concert des nations, tôt ou tard. Cela ne saurait tarder car, à moins d’être aveugle ou de refuser de voir la réalité, la jeunesse africaine écrit, petit-à-petit, la nouvelle vie de l’Afrique. Celle qu’elle souhaite voir se réaliser ; cette existence est pétrie dans le sacrifice de chaque jeune pour une bonne gouvernance, pour une économie qui prenne en compte le faible et celui à moindre revenu et, une société qui se soucie de l’autre. La solidarité africaine est actuelle et éternelle. Le courage de la jeunesse africaine doit aller au sacrifice pour son pays. Si chaque jeune africain a la fibre patriotique chevillée au cœur, l’Afrique ne sera plus le réservoir des nations puissantes mais plutôt leur collaboratrice. Elles ne viendront plus piller les richesses minières, céréalières, maritimes et même les ressources humaines. L’intellectuel africain Theophile Obenga, historien, égyptologue et linguiste congolais, critiquant la faiblesse du patriotisme des chefs d’États africain disait : « Ces chefs d’État manquent également de patriotisme, ce lien qui lie ton sang à celui de ton sol natal, ta nation. Il faut aimer son pays au-dessus de tout, c’est ce que font les Occidentaux. Le patriotisme, c’est lorsque Sarkozy dit « La France m’a tout donné et en tant que Président je vais tout lui donner ». C’est exactement ce qui nous manque. Avez-vous déjà entendu un leader noir africain dire cela ? À cause de ce manque de patriotisme, ils restent enfermés dans leur clan de villageois, leurs ethnies tout en dirigeant la nation. Dans une nation faite d’ethnies, il y aura toujours des crises et des guerres parce que c’est le Nord qui a le pouvoir, le Sud est frustré et ainsi de suite. Tout cela n’engendre rien de bon. » Le futur de l’Afrique se construit dans le pouvoir et la volonté d’oser inventer l’avenir, comme le disait le panafricaniste, homme d’État politique, Thomas Sankara. On ne l’écrira jamais assez, le développement de l’Afrique se trouve entre les mains de la jeunesse africaine. Rien ne peut se dresser contre la volonté d’une jeunesse courageuse, unie et forte. Elle doit être celle qui refuse les politiques assassines des institutions financières mondiales en vue de promouvoir un développement local et endogène. Personne ne bâtira l’Afrique à la place des africains. Mais sa jeunesse peut et doit la bâtir. Le combat a commencé avec les différents slogans et mouvements tels que « plus rien ne sera comme avant » ou encore « trop c’est trop !». Dans ce combat pour l’émancipation, la règle première est de ne jamais abandonner, quelles que soient les circonstances et les difficultés auxquelles l’on sera confronté. Car, c’est au pied du mûr que se découvre le vrai maçon.