Article publié le 2016-08-16 par Souleymane Kanazoé Société
Paludisme La maladie bientôt éradiquée dans cinq pays africains [06-2016]
" Malaria vue au microscope " par Nephron — Travail personnel, CC BY-SA 3.0

L’OMS a affirmé dans un rapport publié le 25 avril 2016 que six pays africains durement touchés par le paludisme pourraient éradiquer la maladie d’ici 2020. Il s’agit de l’Algérie, du Cap-Vert, du Swaziland, du Botswana, de l’Afrique du Sud et des Comores.

L’Organisation mondiale de la santé annonce que l’éradication du paludisme est réalisable dans 21 pays, dont six sur le continent africain, le plus touché par la maladie. « L’OMS souligne le besoin d’investissements importants dans les régions fortement touchées, particulièrement en Afrique », déclare le docteur Pedro Alonso, en charge du programme global sur le paludisme à l’OMS. L’un des objectifs du plan de lutte 2016-2030 de l’OMS contre le paludisme, également appelé malaria, est d’éradiquer la maladie dans au moins 10 pays d’ici 2020. Aujourd’hui, cette maladie potentiellement mortelle, due à une piqûre de moustique infecté, touche en premier lieu l’Afrique subsaharienne. « En 2015, 88% des cas de paludisme et 90 % des décès dus à cette maladie sont survenus dans cette région. Le Nigeria et la RD-Congo, à eux seuls, totalisent 35% des décès », indique l’OMS.

Déjà, dans son rapport de l’année 2015 sur le paludisme, l’OMS avait annoncé que la maladie reculait dans le monde, y compris sur le continent africain : au cours des 15 dernières années, les taux de mortalité par le paludisme y ont chuté de 66% dans toutes les tranches d’âge, et de 71% chez les enfants de moins de cinq ans, une population particulièrement vulnérable face à la maladie. Bien que le paludisme recule, la maladie continue à tuer en Afrique plus qu’ailleurs dans le monde. « En 2015, la baisse du nombre de décès dus au paludisme était estimée à 48% ; de 839 000 décès en 2000 à 438 000 en 2015 », indiquait le rapport.

Par ailleurs, 3,2 milliards d’humains, soit près de la moitié de l’humanité, restent exposés au risque de contracter la maladie. Les progrès enregistrés au cours de la dernière décennie sont dus à la fois à l’essor des moustiquaires imprégnées d’insecticide, à la pulvérisation d’insecticide dans les habitations, au diagnostic et au traitement précoce de la maladie. Or ces stratégies de lutte qui ont fait leur preuve montrent des signes d’essoufflement.

Un parasite de plus en plus résistant

En effet, le rapport de l’OMS alerte sur le fait que des résistances à au moins un des insecticides utilisés ont été signalées dans 60 pays. Et surtout, cinq pays de la région du Mékong (Sud-Est asiatique) font état de la résistance du parasite à l’artémisinine, la substance active utilisée dans les traitements antipaludéens.

Les progrès à venir dans la lutte contre la maladie dépendront largement de moyens encore inexistants aujourd’hui estime l’OMS. Parmi les perspectives, l’organisation a recommandé en janvier 2016 de mener des projets pilotes de vaccination dans plusieurs pays d’Afrique après que l’agence européenne du médicament a émis un avis positif sur un vaccin antipaludéen en 2015.

À mesure que l’éradication devient une perspective crédible, celle-ci requiert des moyens à même de détecter chaque nouvelle infection. L’OMS estime que pour réaliser son plan à l’horizon 2030 (qui consiste entre autres à réduire la mortalité de 90% et à éradiquer la maladie dans au moins 35 pays), il faudrait plus que tripler le budget annuel actuel de 2,2 milliards d’euros pour le porter à 7,7 millions d’euros.

Un savon anti-moustique pour sauver de vies

Lancé en 2013 par le burkinabè, Moctar Dembélé et le burundais, Gérard Niyondiko, la start-up FasoSoap mise sur un savon anti-moustique censé limiter les risques d'infection. Après une période difficile, la jeune pousse se tourne vers le financement participatif en ligne pour amorcer les tests puis la distribution africaine de sa création. Tous deux sont passés par les bancs de l’institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) de Ouagadougou.

« Nous voulons sauver plus de 100 000 vies du paludisme d’ici à 2018 en mettant à la disposition des populations les plus vulnérables ce savon anti-moustique. Pour cela, notre ambition est d’arriver à distribuer ce savon à la moitié de la population des six pays les plus touchés », explique Gérard Niyondiko. Parmi les premiers pays de distribution envisagés figurent le Burkina Faso, le Burundi, le Nigeria, le Kenya, le Mali et l’Ouganda.

En 2013, les deux étudiants africains remportaient pour la première fois la Global Social Venture Competition (GSVC), un concours international organisé à Berkley pour récompenser de jeunes diplômés et créateurs d’entreprise à « fort impact social ou environnemental ».

En septembre 2015, FasoSoap a reçu 5 000 dollars de la fondation du milliardaire et philanthrope nigérian Tony Elumelu, une somme insuffisante pour finaliser la recherche sur le savon anti-moustique. Une fois le financement via la plate-forme Ulule achevé, des tests plus poussés devront être menés au Centre nationale de recherche et de formation sur le paludisme du Burkina Faso.