Article publié le 2015-01-21 par Par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
Si c’était à refaire... [12/2014]
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L’an 2014 a été l’un des plus riches pour le continent. L’économie s’est bien portée et les crises ainsi que les conflits sont en voie de résolution. L’Afrique se réveille de son profond sommeil de léthargie pour entamer sa marche victorieuse vers des lendemains meilleurs. Le pire est derrière nous. Sur les plans sociaux, politiques et économiques, les indicateurs sont au vert. Les révolutions arabes sont en train de laisser place à la renaissance de la démocratie dans les pays comme l’Égypte, l’Algérie et la Tunisie. Au Maroc, la nouvelle constitution garantie plus de liberté aux couches vulnérables de la société. Sur le plan économique, la croissance a été maintenue à un bon niveau avec un taux de plus de 5% en moyenne pour la majorité des pays africains. Les prédictions des experts en économie ont été confirmées. En effet, En 2013, les économies africaines ont progressé en moyenne de 4 % environ (contre 3% pour l’économie mondiale), même si cette performance masque de profonds écarts d’une région et d’un groupe de pays à l’autre. En Afrique subsaharienne, la croissance s’est établie à 5 % en 2013 et a tourné autour de 5.8 % en 2014. Si l’on exclut l’Afrique du Sud, le rythme est de respectivement 6.1 % et 6.8 %. C’est en Afrique de l’Est et en Afrique de l’Ouest que la progression aura été la plus alerte, au-dessus de 6 %. Les pays à faible revenu ont enregistré une croissance de plus de 6 %, et les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’Afrique du Nord et d’Afrique australe une croissance de moins de 3 %. Les perspectives à moyen terme pour l’ensemble du continent s’améliorent, grâce à une certaine stabilisation politique et sociale dans les différents pays mais aussi au redressement de la conjoncture internationale. Dans quelques pays et régions, la croissance devrait retrouver les niveaux enregistrés avant la récession mondiale de 2009. Toutes ces données confirment la santé de l’économie africaine malgré les turbulences socio-politiques dans certaines zones. En 2014, les apports financiers extérieurs ont franchi la barre des 200 milliards de dollars (USD), soit quatre fois leur niveau de 2000. La crise n’est plus qu’un mauvais souvenir pour les investissements étrangers – directs et de portefeuille – ont atteint un niveau record de 80 milliards USD en 2014. Les industries manufacturières et les services attirent une part toujours plus forte d’investissements dans des projets nouveaux. La pauvreté recule et les performances en matière d’éducation et de santé s’améliorent. L’Afrique est debout et marque de ses empreintes la marche politico-économique du monde. Dans cette lancée, elle gagnerait à être une force économique mondiale si elle parvenait à réunir ses forces en créant les États-Unis d’Afrique. Cette donne est réalisable si et seulement si, les politiques prennent le devant avec ténacité, hargne et détermination. Car, il est clair que la construction d’une seule et unique nation à l’image de celle des États-Unis, ne se fera pas sans entraves ni difficultés. Il faudra alors se battre, accepter le martyr et vivre la réclusion comme l’a vécu les chantres de l’unité africaine tels que Kwamé N’Krumah, Patrice Lumumba, Jomo Kenyatta, etc. On se rappelle que le 25 mai 1963, en effet, à Addis-Abeba, en Éthiopie, un bel arbre a été mis en terre. Il était accompagné de l’espérance que l’Afrique entière, dans la diversité de ses peuples, trouverait à son ombre, l’espace et les conditions de sa renaissance. Les peuples africains sont d’un pragmatisme pur et dur. Ils ne se laissent ni émouvoir ni impressionner par des discours flamboyants, des va-et-vient incessants. Ils veulent des résultats. Ces résultats seront atteints au prix de sacrifices multiples. Comme tout succès résulte de multiples efforts et de sacrifices multiformes, les filles et fils de l’Afrique doivent faire l’économie des intérêts personnels au profit des intérêts de la masse. Le peuple laborieux et travailleur de l’Afrique a besoin d’institutions fortes et unies pour booster son développement. Comme on le dit «les petits ruisseaux font les grandes rivières.» Les dirigeants africains doivent travailler à unir leurs petits ruisseaux en vue de faire de grandes rivières. De ces grandes rivières sortiront les crocodiles du développement, de la paix et de la sécurité. Si c’était à refaire, il faut oser davantage.