Article publié le 2015-01-21 par Par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
Faire renaître l’espoir [11/2014]
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L’agriculture est l’une des ressources capitales pour les populations africaines. La principale ressource pour favoriser une exploitation optimum de l’agriculture est l’eau. Dans plusieurs pays africains, la lutte pour pérenniser la ressource hydraulique est farouche. L’agriculture, surtout celle irriguée est contemporaine de la disponibilité de l’eau. Sans eau pas d’agriculture ; sans irrigation, pas d’agriculture. Le combat des producteurs africains est de gagner la bataille de la disponibilité de l’eau afin de pouvoir produire durant toute l’année. Or, pour avoir de l’eau en permanence, il faut avoir des infrastructures capables de retenir ces eaux et de les garder aussi longtemps que possible. Les producteurs africains luttent avec les gouvernants pour créer des espaces où on entendra plus parler de retenue d’eau ayant tari ou de barrages ayant tari. Il faut créer et entretenir l’espoir d’une agriculture qui résiste aux intempéries du temps, aux aléas climatiques et aux incertitudes de la nature. Cela est possible dans la mesure où, les États africains soutenus par les chercheurs et le secteur privé, peuvent mettre ensemble leurs forces en vue de vaincre les obstacles qui s’opposent à l’expansion de l’agriculture. Pour y parvenir, les mécanismes disponibles et les idées ne manquent pas. La première des actions à entreprendre est de faire en sorte que les barrages soient gérés par des structures privées. Car, lorsque les barrages sont gérés par le privé, la rigueur dans la gestion fait en sorte que les utilisateurs sont obligés de protéger ce qu’ils utilisent. Deuxièmement, lorsque le secteur privé, gestionnaire d’une infrastructure hydraulique, met en place des règles, édictent des lois et prend des mesures pour protéger la ressource, les producteurs sont enclins à respecter ses mesures plus que celles édictées par l’État. L’agriculture ne va pas sans l’eau. Partant de ce constat, l’Afrique a besoin d’unir ses forces pour créer les conditions idoines à l’exploitation rationnelle et solidaire de ses ressources en eau. Il faut bâtir une communauté de destin où le faible a sa place à côté du fort. On parle aujourd’hui d’agro-business, de créer des opportunités pour les producteurs, d’écoulement des produits agricoles, tout cela est beau et sera réellement profitable aux africains, si l’eau est disponible en quantité suffisante durant toute l’année. Le Rapport de la Commission pour l’Afrique de 2005, par exemple, a appelé au doublement des surfaces irriguées de la région d’ici à 2015. Cependant, pour atteindre un résultat de cette ampleur, il est nécessaire d’approfondir notre connaissance des régions qui pourraient en tirer le meilleur profit, et aussi des technologies les plus appropriées à ces régions. Un des objectifs de cette étude sur l’irrigation conduite dans 24 pays et entreprise dans le cadre du diagnostic de l’infrastructure des pays d’Afrique est d’identifier les régions agricoles où les investissements dans l’irrigation peuvent produire les plus grands bénéfices. Un objectif annexe est d’estimer le montant et l’étendue des investissements nécessaires pour obtenir ces résultats. Pour y arriver, il y a des dispositions et des mesures à prendre, des investissements à réaliser, des rêves à concrétiser. Parmi ceux –ci la construction et l’aménagement d’infrastructures hydrauliques de grande capacité ; la promotion de l’irrigation gouttes à gouttes ; la mise en place de structures habilitées à conseiller, diriger et informer les producteurs, mettre à leur disposition des microcrédits pour le développement de leurs activités. L’Afrique est la terre des espoirs et les producteurs africains doivent pouvoir vivre et faire renaître cet espoir dans le cœur des populations pour lesquelles ils se battent au quotidien pour assurer la survie. Les grands barrages et les systèmes d’irrigation sont l’une des clés pour assurer la sécurité alimentaire sur le continent. Il ne faut pas se leurrer sur cette réalité. Car, comme le disait Olivier de Kersauson : «Toutes les idéologies politiques qui ont voulu modifier le monde paysan ont échoué parce que le monde agricole ne peut être géré par des théories, il est régi par la réalité.» Les producteurs africains ont besoin de vivre cette réalité à travers une disponibilité pérenne de la ressource en eau.