Article publié le 2014-06-17 par Par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
Bâtir des villes citoyennes [05/2014]
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Les villes africaines sont l’expression plurielle et vivante de l’ambiance du continent. Ville cosmopolite, la ville africaine jouit de la double réputation de ville «melting-pot» et de ville «cossue». Dans les villes africaines se côtoient, sans fioriture, le luxe et les bidonvilles, la haute société et la classe moyenne. Depuis les indépendances, les villes africaines sont parties de la présence spatio-horizontale à celle verticale de nos jours. Avec l’évolution des modèles de construction, les urbanistes quittent la construction à l’horizontale pour celle à la verticale.

La ville africaine, même des décennies après les indépendances des pays de l’Afrique française, continue à se développer selon des règles établies lors de la fondation des villes. Il en est de même pour les outils de l’urbaniste qui correspondent à une idée de ville et une pratique ancienne de l’urbanisme, celle coloniale et européenne. Les enjeux de l’espace public sont globalement identiques, les villes ayant les mêmes modes de gestion et de planification. Les effets induits sont alors les mêmes. Cette uniformisation de l’espace de la ville et des modèles mène à une uniformisation des pratiques de la rue et des modes de vie qui ne sont plus dépendants d’un contexte et d’un environnement. Il y a donc une déconnexion entre la ville et son environnement.L’évolution des modèles d’urbanisation dessine une nouvelle configuration des villes. Les administrateurs des villes essaient de maîtriser l’extension de celles-ci en identifiant et en élaborant des politiques d’urbanisation qui répondent aux réalités socio-économiques africaines. Cependant, il faut reconnaître que les habitudes ont la peau dure en ce qui concerne le développement des villes.

Les villes d’Afrique de l’Ouest ont été conçues, sont planifiées et gérées de la même manière depuis leur fondation. Il n’y a pas eu de changement de paradigme, ni à l’indépendance, ni dans les années 80, lors des grandes crises urbaines. Malgré cette manière similaire de produire la ville, leurs espaces publics sont radicalement différents et cela sous l’influence du contexte climatique, environnemental, culturel et social. Les temporalités changent, la présence spatiale entre homme et femme n’est pas la même partout et les stratégies d’implantation des vendeurs de rue dans l’espace public diffèrent d’un endroit à l’autre.

La ville est donc dépendante de son environnement, loin de là l’image de la ville globale, déterritorialisée. Enfin, une planification ne peut pas être déconnectée du territoire de la ville et des dynamiques des acteurs, car cela rend la planification peu efficace. Celle-ci doit être basée sur l’individu, dans ses dynamiques urbaines et son environnement.Si dans le monde, New York est la première ville de la planète, en Afrique, c’est la ville du Cap en Afrique du Sud qui part avec les pronostics de première ville d’Afrique. Emblématique, touristique et riche d’histoire, elle est la ville par excellence où la tradition et la modernité se côtoie dans une harmonie presque parfaite. Malgré leur beauté et leur étendue, les villes africaines ont des ennemies et pas des moindres.

Les principaux ennemis des villes ont pour noms : urbanisation sauvage, assainissement, chômage, délinquance juvénile. De nombreuses capitales, aidées par des programmes ont mis en place des stratégies pour faire face aux «ennemis» des villes.Ainsi, des brigades municipales, des projets d’assainissement, des plans d’urbanisation ont été mis en place afin de venir à bout de ces «ennemis» des villes.La politique de développement des cités a une vision, une voie tracée à travers ces plans d’urbanisation. Le privé, s’installant en Afrique avec plus d’efficacité, les gouvernants ont confié la construction de certaines villes à ces agences immobilières. Comme on le dit souvent, c’est en ville que se trouvent les problèmes et les solutions de ces problèmes.Cela rappelle quelque peu la citation anonyme qui dit : «Quand je m’éloigne de la ville, j’ai l’impression de me retirer de la lutte, car c’est dans la ville que le monde va de l’avant.»