Article publié le 2014-06-10 par Daouda Emile Ouedraogo Editorial
Un marché d’avenir [03/2014]
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Le commerce occupe une place de choix dans les relations économiques entre les États. En Afrique, les gouvernants ont fait de la promotion de l’import/export leur cheval de bataille. La survie et la bonne marche du commerce dépend de la prise en compte de ce paramètre dans la gestion des flux migratoires. L’import/export est la locomotive du développement du commerce en Afrique. Dans les rues des capitales africaines, sur les places des marchés, les gérants et les tenanciers des holdings commerciaux rivalisent de définition pour donner un nom à leurs stands ou à leur usine de production. L’Afrique est devenue au fil des ans un acteur incontournable, un marché porteur. Les 800 millions de consommateurs potentiels sont une aubaine pour les multiples firmes et multinationales dans le monde. Longtemps choyé pour ses ressources naturelles et son sous-sol, le continent africain devient un marché de consommateurs. L’on part de l’Afrique pour vendre, l’on vient en Afrique pour faire des affaires. Les sociétés de négoce, de transit, de transactions financières et bancaires ont inscrit dans leur agenda l’Afrique comme une priorité. Aucune société, aucune multinationale ne peut se développer si elle ignore le potentiel du marché du continent. Par tradition, elle a toujours été depuis les temps coloniaux et bien avant, une terre de commerce, une terre d’opportunité. On se rappelle de la route du sel, de l’or, et des richesses qui faisaient les choux gras du commerce triangulaire. L’Afrique est un continent d’avenir en matière d’import/export. La force de ce continent ne réside pas dans l’industrie à outrance mais plutôt dans les opportunités qu’elle offre. Le continent est un marché vierge. Partout, il a besoin de délimiter ses marques, de construire ses fondations, de désherber et défricher son terrain pour se faire valoir dans le concert des nations. Il est le plus vieux des continents mais le plus jeune en matière de marché de consommation. Sa force réside dans l’essor des classes moyennes. Cet essor est lié aux bonnes performances économiques d’un grand nombre de pays africains depuis la fin des années 1990. Depuis lors, la croissance annuelle moyenne du continent est d’environ 5 %. L’inflation qui avait atteint des sommets dans les années 1990 (22 %) est passée à 8 %, en moyenne. The Economist, un hebdomadaire britannique réputé, note qu’entre 2000 et 2010, six économies d’Afrique subsaharienne comptaient parmi les dix économies les plus performantes du monde. C’est en Afrique, poursuit le magazine, qu’on a vu «les plus grands succès de la dernière décennie». Un tel éloge vaut son pesant d’or, The Economist n’étant pas connu pour son optimisme sur les questions africaines. Des taux de croissance robustes et soutenus ont servi de tremplin à de nombreux ménages. Dans plusieurs cas, la croissance a rimé avec création d’emplois, stimulant ainsi la consommation. Dans les quatre économies africaines les plus avancées et les plus diversifiées (Afrique du Sud, Tunisie, Égypte et Maroc), selon les analystes de McKinsey, la consommation est même devenue le principal moteur de la croissance. L’import/export a pris un nouvel envol particulièrement en Afrique subsaharienne avec la normalisation de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire. Car, quoi que l’on dise ou pense, le port autonome d’Abidjan est la porte naturelle des pays de l’Afrique de l’Ouest. Plusieurs facteurs sont à l’actif de la bonne performance des pays africains. Dans son rapport "Indicateurs de développement en Afrique 2007", la Banque mondiale affirme que les bonnes performances économiques des pays d’Afrique sont aussi le produit de certaines orientations politiques et de changements majeurs au plan sécuritaire. Au Ghana, en Ouganda et en Tanzanie par exemple, des politiques favorables au secteur privé ont ouvert de nouveaux marchés aux investisseurs. Après des années de conflits, l’Angola et le Rwanda connaissent des taux de croissance impressionnants. De plus, estiment certains observateurs, l’adoption par l’Union africaine en 2001 du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a eu un impact positif. Ce plan de développement continental «a favorisé l’émergence d’une perception plus positive de l’Afrique » soutient Patrick Osakwe, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et co-auteur d’une étude sur les investissements étrangers directs en Afrique. L’Afrique a entamé un nouveau virage dans la marche de ses relations avec le reste du monde. Un virage promoteur.