Article publié le 2012-07-04 par Par Daouda Emile Ouedraogo Editorial
Bien gouverner pour une meilleure gestion [03/2012]
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La bonne gouvernance est devenue un crédo dans les sphères internationales. Que ce soit au niveau des institutions de Bretton Woods, des partenaires techniques et financiers, des bailleurs de fonds, il ne peut y avoir de dossier relatif au développement qui ne fasse pas cas de cette pratique. En Afrique, depuis une vingtaine d’années, la bonne gouvernance est réclamée, à cor et à cri, par les partenaires au développement avant l’entame de tout projet ou programme. Bien gouverner, mieux gérer les affaires publiques, assainir les finances publiques, deviennent des visées capitales pour les économies du monde entier, surtout celles de l’Afrique. La bonne gouvernance est tellement scrutée par les bailleurs de fonds et les partenaires techniques au développement, qu’elle semble devenue un «monstre froid» pour les gouvernants africains. D’où la question de savoir exactement ce qu’est la bonne gouvernance. En quoi peut-elle favoriser un meilleur épanouissement des populations dans leur marche vers l’obtention de conditions de vie meilleure ? Selon le site web de l’association pour la promotion de la bonne gouvernance en Afrique, «la gouvernance désigne l’ensemble des processus, politiques, lois et institutions affectant la manière dont un pays, une institution, une société, etc., sont dirigés, administrés ou contrôlés. Une gouvernance est considérée comme bonne ou équitable lorsque le fonctionnement des mécanismes respecte les droits et les intérêts des parties prenantes, dans un esprit démocratique. Elle encourage la responsabilité financière et renforce la confiance en la qualité de l’administration par le gouvernement et/ou par la direction.» Partant de cette définition, on remarque que la bonne gouvernance ne va pas sans la démocratie. Le respect des droits et des intérêts y tient une place primordiale. Cette bonne gouvernance participe de l’épanouissement du peuple car, qui dit démocratie dit choix du peuple, dit aussi implication des populations dans la prise des décisions liées à la gestion de leur quotidien. L’objectif est de favoriser dans la marche vers le développement une gestion rationnelle des finances, une meilleure planification des programmes et des projets de développement. En Afrique, cette forme de gouvernance prend petit à petit le pas sur la gestion opaque des affaires à laquelle les gouvernements avaient habitué les peuples à l’aube des indépendances. Le monde, devenu village planétaire, veut une méthode de gestion uniforme de la chose publique afin que de Honolulu à Dubaï, en passant par Mogadiscio, Pékin ou Malabo, chaque citoyen du monde se sente interpellé par cette forme de gouvernance. La bonne gouvernance semble être, sinon est, la meilleure formule de gestion d’une communauté. Tout comme gouverner c’est prévoir, bien gouverner, c’est bien gérer les affaires de «tout le monde» en ce sens que l’État, c’est tout le monde, pour parler de façon laconique. Sur le continent, les multiples crises vécues en 2011 dans différents pays ont montré la nécessité d’ancrer davantage la pratique de la bonne gouvernance dans les attitudes et les comportements des individus. Chaque peuple, chaque être est appelé à faire sienne l’obligation de la pratique de la bonne gouvernance dans son quotidien. On ne naît pas pour gouverner, on naît pour participer à la construction d’un monde juste, un monde équitable, un monde où malgré les guerres, les conflits, on donne à son semblable par le regard, l’espoir que demain sera mieux gouverné qu’aujourd’hui. Alexis de Tocqueville disait à ce propos que «le plus grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui.» En d’autres termes, bien gouverner, c’est travailler à créer les conditions idoines pour que les populations puissent être autonomes, intellectuellement et financièrement. Cela est possible, si chaque individu, en Afrique ou dans le monde, prend conscience que l’État, le gouvernement, donne les moyens dont la mise en oeuvre relève de la faculté de l’individu à transformer les échecs en succès. Ce succès aussi minime soitil, doit créer une meilleure gouvernance dans les petits gestes du quotidien.