Article publié le 2012-01-11 par Editorial
2011, une année inoubliable en Afrique [12/2011]
...

Dure fut l’année 2011 dans le monde, et particulièrement en Afrique. Crises sociopolitiques à répétition, révolutions arabes et maghrébines, etc. L’Afrique en 2011 en a vu des vertes et des pas mûres. Il faut le reconnaître, l’Afrique a souffert dans sa chair et dans son coeur, ses millions de fils et de filles tombés sous les balles des revendications « pro ou antidémocratiques ».
2011 plie ses bagages, avec dans ses trousseaux de clés, les pleurs étouffés de ceux et celles qui ont lutté contre l’asservissement du continent par une horde venue d’autres contrées. 2011 est le témoin silencieux de l’avènement d’un nouvel ordre qui donnera une nouvelle allure à la marche du continent. Cette allure, pour l’instant, n’entame pas une démarche favorable pour les Africains sauf si, du fond de son coeur, chaque Africain a la volonté manifeste de s’interroger sur ce qu’il doit faire pour apporter sa pierre à l’édification d’une Afrique prospère. En 2011, l’Afrique a connu des hauts et des bas. Les crises au Maghreb, en Côte d’Ivoire, etc., ont prouvé que l’Afrique doit prendre ses responsabilités dans un monde en mutation. Il est difficile et même inacceptable que les Africains soient traités comme des moutons de panurge. En tournant la page de 2011, l’Afrique a enregistré des acquis indéniables en termes de progrès et de croissance économique. Malgré le tableau sombre peint par les crises sociopolitiques, l’Afrique n’a pas baissé les bras. Un penseur chinois disait que « la vie peut nous faire tomber mais, il ne tient qu’à nous de nous relever ou de rester par terre ». L’Afrique, dans sa marche vers le développement, est restée debout. 2011, sans orgueil, a été l’année de l’Afrique. Avec un taux de croissance moyen oscillant entre 5 et 8 %, les États africains en 2011 se sont bien « débrouillés » malgré quelques moments de frayeur. La crise mondiale n’a pas eu d’impacts majeurs sur l’économie africaine. C’est un constat réel. Les banques africaines ont plutôt fonctionné correctement. Les entreprises ont fait des bénéfices et les places boursières africaines ont été assez stables. La dette africaine a connu une baisse fulgurante durant la dernière décennie. L’Afrique, en 2011, a été le terreau fertile pour les investissements. Si, au Nord, l’avènement de régime issu des révolutions a freiné l’ardeur des investisseurs, au Sud, à l’Est et à l’Ouest, les Africains se sont battus pour promouvoir une économie qui gagne, une industrie qui va de l’avant. Quoi de plus normal qu’en dépit des multiples crises qui ont secoué le continent, les Africains lèvent les yeux, en espérant des lendemains meilleurs en 2012 ? L’année écoulée a permis aux Africains de jauger leur pouvoir de se prendre en charge politiquement, économiquement et socialement. Dans ces différents domaines, il s’agit de s’asseoir, réfléchir, faire le point et voir le bénéfice récolté. L’Afrique est un tout, indissociable. L’expression démocratique a pris du galon. Les élections se sont organisées à tour de bras avec de fortunes diverses. Le Libéria, la RD Congo, le Zimbabwé, la Centrafrique, pour ne citer que ces pays, ont testé la culture démocratique de leur peuple.
Après 20 ans de pratique des différentes formes de démocratie calquées sur l’Occident, l’Afrique a trouvé le courage de forger son modèle démocratique. Les politologues les plus avertis, les éminences grises africaines, qui enseignent les différents modules politiques dans les universités occidentales ont contribué à cette réflexion. La Guinée-Conakry, la Côte d’Ivoire, le Sahara occidental, Madagascar, la RD Congo, la corne de l’Afrique en général a connu des élections démocratiques, libres et ouvertes. L’année qui s’achève a été celle des bilans pour les États africains. 2011 a non seulement célébré la fin des cinquantenaires des indépendances de la majorité des pays africains mais aussi, les 20 ans de l’avènement de la démocratie en Afrique. On se rappelle la chute du Mur et la Conférence de la Baule qui ont imposé la démocratie à « l’occidentale » à l’Afrique. Après 20 ans d’expérimentation, 2011 a été inévitablement le temps du bilan de la praxis de cette forme de démocratie. Collectivement et individuellement, ce bilan a été dressé. Dans les années 90, des engagements ont été pris. 20 ans après, il s’agit de savoir où nous en sommes dans le respect de ces engagements. Qu’est-ce qui a marché ? Qu’est-ce qui n’a pas marché? Pourquoi cela n’a pas marché ? Ce sont là les questions auxquelles tout Africain doit répondre, quel que soit son niveau intellectuel, quelle que soit sa responsabilité dans la société. En répondant à ces préoccupations, il sied de tirer les leçons des acquis, de mieux appréhender les insuffisances afin d’avancer, la main sur le coeur, vers des lendemains meilleurs, vers l’épanouissement de notre continent. A regarder dans le rétroviseur de cette année qui s’achève, les pays africains n’ont pas été ébranlés dans leurs fondements. Il y a eu certes des « coups d’État », mais aussi des acquis en termes de développement, d’amélioration du climat des affaires. 2011 a montré une autre image de l’Afrique au monde, celle de la responsabilité, celle de sa capacité à gérer ses propres crises grâce à ses propres moyens. A l’exception de la crise libyenne. A l’entame de cette nouvelle année, il est urgent que l’Afrique se regarde dans la glace. A travers ce regard, en patriote averti, il est bon de faire le choix d’une Afrique qui croit en son destin, qui le maîtrise et travaille à cultiver sa démocratie avec ses valeurs et ses particularités propres. Malgré tout ce qui s’est passé en Afrique, les amis de l’Afrique doivent se consoler avec cette pensée de John Dos Passos, extrait de « Bilan d’une Nation » : « Vous pouvez arracher l’homme du pays, mais vous ne pouvez pas arracher le pays du coeur de l’homme ». Comme pour dire, que l’on peut arracher l’Afrique aux Africains, mais on ne pourra jamais arracher l’Afrique du coeur des Africains.