Article publié le 2011-01-10 par Par Kenza Garba Actualité
Crans Montana Forum Bruxelles juin 2010 [07/2010]
De gauche à droite: Mr. Abdulaziz Othman Altwaijri, Directeur Général de l’ISESCO Mr. Jesse Jackson, Président du Rainbow Push Coalition, états-Unis Mr. Jean Paul Carteron, Fondateur et Président du Crans Montana Forum Mr. Maros Sefcovic, Vice-Président de la Commission Européenne Mr. Abdoulkarim Goukoye, ,Colonnel représentant la république de Niger © Ronald Devaux

Fondé en 1989, le Forum de Crans Montana a lieu chaque année en juin. Année après année, près de 1000 décideurs clés du monde entier se rencontrent lors de cet évènement majeur. Cette année, pour le 21ème anniversaire, le Forum de Crans Montana a accueilli des Chefs de Gouvernements, des Ministres, les délégations d’un grand nombre de pays, des Commissaires Européens, des Membres du Parlement Européen, des Présidents de parlements nationaux, de Hauts Fonctionnaires d’Organisations Internationales et Régionales et les principaux décideurs d’entreprises et des Universitaires. C’était Jesse Jackson Sr. en personne qui a ouvert la session officielle d’ouverture le jeudi 24 juin.

Le révérend Jesse Jackson, figure majeure du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis et fondateur du Rainbow Push Coalition, a débuté son discours officiel en parlant de l’image touchante qui est restée sur la rétine des yeux du monde entier: à l’occasion du premier discours de Barack Obama en 2008, en tant que président élu, devant une foule oscillant entre joie et émotion, dans l’immense jardin public Grant Park, cerné de gratte-ciels illuminés au bord du lac Michigan à Chicago, Jackson Sr laissait couler ses larmes. Le monde entier a tout compris à ce moment. En 1988, Jackson Sr avait collectionné les victoires, essentiellement dans le sud des États-Unis. Avant l’élection d’Obama, Jesse Jackson était le premier noir-américain à avoir remporté une primaire du parti démocrate.

«Nous nous sommes battus pendant 60 ans, contre l’inégalité, la ségrégation et l’apartheid, et pour la démocratie. Nous avons gagné à plusieurs reprises: l’apartheid légal a pris fin, le vote a été installé. Vous vous souvenez tous du discours de Martin Luther King «I have a dream»: nous avons vu son rêve se réaliser. N’oubliez pas qu’avant, nous n’avions pas le droit de voter. Il nous était interdit d’entrer dans une bibliothèque. Nous ne pouvions pas louer une chambre, nous n’avions pas les mêmes droits que tout le monde. La démocratie, elle n’a que 45 ans. Elle s’est construite petit à petit. Nous nous sommes battus pendant une époque pour changer les mentalités. C’est en 1984 seulement que nous nous sommes rendus compte qu’il y avait de plus en plus de votes populaires et finalement cela a amené le vote populaire, et surtout, ‘proportionnel’. Si Barack Obama a pu devenir président, c’est grâce au vote proportionnel pour lequel nous nous sommes battus.»

«Donc c’est à ce moment que mes larmes sont venues: au moment que je me suis rendu compte que nous nous sommes tellement battus pendant toutes ces années, pour enfin en arriver là et prendre conscience que nous étions partis pour une nouvelle démocratie. De ce point de vue, je m’adresse maintenant aux Européens: ce n’est pas la démocratie qu’on aime, c’est surtout la victoire. Aujourd’hui nous avons des représentants officiels partout, nous avons des ministres, nous avons des membres au Congrès. C’est déjà une évolution. »

«Je conclus mon discours avec l’image du football, à cette heure-ci tant aimée. Le football est un événement important, mais on constate que les joueurs ne connaissent pas toujours la langue de la partie adverse. Ils n’arrivent pas à se saluer dans les différentes langues. Mais ils arrivent à s’embrasser après un match joué. C’est cela qui est bon. Si on peut jouer et s’embrasser, le jeu sera bon. Mais si les règles du jeu ne sont pas claires et si l’arbitre n’est pas honnête, le jeu n’est pas bon. Nous pouvons en tirer des leçons et n’oublions pas que nous sommes tous égaux.»