Article publié le 2009-10-08 par Lansana Camara / LNA Guinée Actualité
Politique : A quand les élections crédibles en Guinée ? [10/2009]
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L’organisation d’élections crédibles et démocratiques, acceptées de tous. Tel  est de nos  jours un véritable défi qui s’impose aux nouvelles autorités du pays. Plus de cinquante ans après son accession à  la souveraineté nationale, la République de Guinée se cherche toujours en matière de Démocratie et de respect des droits de l’homme.

Depuis son indépendance en 1958, le pays n’a connu que deux régimes. L’un allant de 58 à 84, avec à sa  tête le président Feu Ahmed Sékou Touré et l’autre allant de  84 à 2008 avec  comme chef d’Etat le Général Lansana Conté. Si le premier régime à été celui d’ un  socialisme raté avec la fermeture du pays vers l’extérieur, le second régime quant à lui, a ouvert le pays,  mais avec des limites très contraignantes. Car c’est seulement en 1990 que la Guinée va connaître le vent de la démocratie avec la volonté d’un réel libéralisme  politique.
Depuis décembre 2008, une junte militaire dénommée Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) s’est emparé du pourvoir, suite à la mort du Général  Lansana Conté, dans la soirée du 22 décembre à Conakry.
A présent, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, les observateurs s’interrogent sans  cesse sur la date réelle de la tenue des élections en Guinée.

Des élections générales :

Selon un calendrier préétabli il y a plusieurs années, la Guinée devrait connaître des élections présidentielles en Décembre 2010, date qui marque la fin du mandat du président défunt Lansana Conté. Toutefois, après la mort de celui ci et la prise du pouvoir par l’armée guinéenne, le 23 décembre derniers, tout porte à croire que cette date rester à jamais en suspense. Car le pays traverse sans doute, une période de transition qui, normalement doit s’entendre jusqu’en décembre pour aboutir à l’élection d’un président démocratiquement élu à la magistrature suprême.
D’ici là, des voies s’élèvent de partout pour exiger des travaux préalables à faire avant de venir à l’organisation des élections dans le pays. Ces préalables supplient à la junte au pouvoir tout d’abord, la moralisation de la vie publique et économique, l’instauration de l’autorité de la Etat, la lutte contre les détournements d’argents et de biens publics, la mobilisation des recettes publiques etc. En plus, il y a la révision de la constitution guinéenne caduque de plusieurs années. Elle avait été modifiée à plusieurs reprises par le défunt président afin de garder son fauteuil. Dans ladite constitution, le mandat du président avait été fixé à 7 ans renouvelables, la limite d’âge du candidat à 70 ans et le nombre de mandat illimité. Ce qui avait permis au vieux Général Conté et à son parti, le Parti de l’Unité et du Progrès (PUP) de s’éterniser au pouvoir pour une durée de 24 ans. Aujourd’hui donc, la révision de cette constitution s’avère plus que nécessaire.
Par ailleurs, les élections législatives sont attendues car le mandat des députés est arrivé à terme depuis 3 ans. Les acteurs politiques guinéens et la société civile ont d’ailleurs exigé à ce que l’Assemblée nationale soit mise en place afin qu’elle puisse jouer son rôle dans le processus électoral.
Quant aux élections communales et communautaires le calendrier électoral les avait prévues dès après les présidentielles en 2010. Ce qui reste encore dans  l’incertitude totale.

Du recensement des électeurs.

Dans le contexte actuel de la Guinée, il serait utopique de parler de l’organisation des élections sans l’obtention d’un fichier électoral fiable. Depuis plus de 20 ans, le pays n’a pas connu le recensement général des populations. Le derniers cas en date est le recensement de 1996. Ce fichier est dépassé de nos jours. Car l’on a enregistré des décès, la venue des nouveaux électeurs avec la nouvelle génération, des cas de migration de la population. C’est pourquoi la communauté internationale, les bailleurs de fonds et les autres acteurs du pays ont tous sollicité à ce que l’étape de l’enrôlement des électeurs soit une reussite. Ceci étant, la Commission Electorale Indépendante (CENI) en charge des élections en Guinée est actuellement à pied d’œuvre pour franchir cette étape décisive. Cependant, ce recensement a connu des perturbations depuis son démarrage en 2007. Sur  l’ensemble du territoire national, seulement 30% des électeurs ont été recensés. Sur la question, le président du CENI Ben Sekou Sylla dira que: «  C’est le positionnement stratégique des commissions administratives de révisions des listes électorales qui va déterminer les opérations. »
Aux dernières nouvelles, les autorités, viennent de mettre les bouchées doubles pour la continuation du recensement dans tout le pays. C’est dans cet esprit d’ailleurs que le Groupe International de Contact sur la Guinée GIC - G, coprésidé par l’Union Africaine et la CEDEAO, lors de sa réunion à Conakry du 16 au 17 février a discuté de plusieurs points avec le Président de la République et les membres du gouvernement. Dans le communiqué final ayant sanctionné les travaux, il a été demandé aux membres du CNDD de : la mise en place d’un conseil de transition, la reforme et l’adoption de la constitution guinéenne et enfin un calendrier exact des élections à venir.
A noter que le budget prévisionnel pour le fonctionnement normal du processus électoral s’élève à un peu plus de 181.411 millions de francs guinéens. De même selon des données estimatives à la disposition de la CENI, un besoin de 101.916 millions de fg, soit 17,5 millions d’euros sont a mobilisés pour le financement des élections générales en Guinée.